mardi 10 novembre 2009

Art contemporain: La Vie



C'est l'oeuvre magistrale. C'est là où la simplicité de l'unique trait de stylo, par la main de l'artiste réalise dans toute sa théâtralité la représentation du plus grand mystère de la condition humaine: la vie. A l'époque où la plupart d'entre nous ont délaissé le stylo pour l'ordinateur, l'artiste nous ramène à cette base, à ce lien entre la main, organe humain par excellence, et la feuille, représentation fortuite de la nature de par sa provenance du bois. C'est la réconciliation de la nature et de la culture, si longtemps opposés par les penseurs au cours de l'histoire de l'humanité, qui se réalise sous nos yeux par le biais du stylo. La vie, semble nous dire l'artiste, est le mélange, l'intime fusion, de la main culturelle et de la feuille naturelle (ne parle-t-on pas de feuilles d'arbre?) par le truchement de l'objet stylo bleu, issu des capacités techniques de l'homme qui ne sont rien d'autres que ses efforts pour adapter sa culture à la nature. Voilà pourquoi cette oeuvre mérite d'entrer au panthéon des représentations de la vie dans l'art.

Mais penchons-nous un peu plus sur ce que l'artiste a voulu représenter dans l'oeuvre magistrale que nous avons sous les yeux. Tout en haut, nous avons la période pré-natale où l'homme, bien au chaud dans le ventre de sa mère se construit peu à peu. C'est la spirale vers l'extérieur, où la courbure du confort et du plaisir semble ne jamais finir. Vers la fin de cette spirale commence à apparaître la première perturbation qui reste cependant tout en douceur grâce à la courbe. Puis vient le traumatisme de la naissance avec son angle extrêmement aigu. L'enfant qui vient de naître cherche à rester dans le confort de la courbe avant de finalement comprendre l'inutilité de cette position et d'entrer dans la vie et donc dans la ligne droite.

Chez l'artiste, chaque épisode de la vie n'a pas de sens mais la vie en général en a un, représenté par l'évolution du haut vers le bas. Tout le concept de la vie réside dans le fait que l'homme va chercher à la remplir le plus possible d'où les nombreux détours effectués. Les angles sont autant de choix que chacun doit effectuer dans sa vie, choix qui auront des conséquences importantes à petite échelle (représentées par les changements brutaux de direction) mais qui ne seront pas décisifs à grande échelle, l'avancée vers le bas se produisant inexorablement. La vie se finit sur un trait horizontal, symbole de l'électrocardiogramme plat accompagné de sa sonnerie monotone que l'on peut presque entendre en fixant le dessin.

Le choix de placer la naissance en haut et la mort en bas est la représentation de la conception que l'artiste a de la vie, à savoir que la naissance en est le sommet et que tout le reste n'est que déclin inévitable vers la fin. De même, le fait que la ligne ne soit pas fermée représente le rejet de la part de l'artiste du soi-disant cycle de la vie. Comme il l'a si magnifiquement dit lui même:"La vie est un processus personnel, égoïste, la vie n'a de sens que pour moi et n'a donc de sens que comme un trajet de la naissance à la mort. Le fait que l'on se fasse bouffer ensuite par des asticots qui nourriront les larves d'abeilles qui polliniseront les fleurs qui donneront des cerises qui seront mangées par d'autres hommes n'a rien à faire dans ce processus hautement égocentrique qu'est la vie."

Ou alors je me faisais juste sacrément chier en TD de béton précontraint...