mardi 30 juin 2009

Le fil

Hier, j'étais à une exposition sur Kandinsky et Calder au centre Pompidou avec Elle. Allez y faire un tour, c'est très sympa et ça ferme dans pas trop longtemps je crois.

Bon pour Kandinsky, je pense qu'il est inutile de faire un dessin, il est suffisamment connu. Les toiles exposées sont très sympathiques (mention spéciale aux Formes Capricieuses, affichée ci-dessous) et permettent de jouer à "Et toi tu vois quoi?" comme pour les nuages.


Alexander Calder, lui, est un artiste américain qui sculptait/dessinait avec du fil de fer. C'est un peu à mi chemin entre la 1D d'un trait de crayon et la 3D d'une ossature métallique. C'est à voir également.

Enfin bref, toujours est-il qu'en me levant ce matin j'ai eu envie d'animer un petit bonhomme en fil de fer. Et comme j'avais une journée de libre devant moi, ben je l'ai fait. Je vous présente donc la star du jour, dans son joli costume/corps en fil de fer recouvert de plastique vert (oui j'ai pris ce que j'avais à disposition).


Comme vous pouvez le voir j'ai toujours été très doué en anatomie!

Ensuite est venu le moment de l'animation. C'est de l'image par image (12 par seconde). J'ai mis environ 35 minutes pour les prises de vue (sans compter la mise en place et avec une animation grossière faite un peu beaucoup au hasard) et j'ai 112 images différentes pour à peine 10 secondes de film.
J'ai ensuite bataillé quelques heures avec le logiciel de montage qui faisait un peu n'importe quoi (oui bon d'accord en fait c'est moi qui maîtrise pas le truc je sais, mais c'est pareil).
Et les bruitages ont été faits en 30 minutes avec ma guitare, mes mains et un micro.

Et voilà le résultat, tadaaaa:



Oui, je suis d'accord, le tadaaaa était de trop.

Enfin voilà, ceci était ma création du jour. J'ai encore d'autres idées de scénario, j'en ferai sûrement quelques uns en plus et le jour où j'aurai fabriqué plusieurs acteurs fils de fer, je ferai un remake de Star Wars.

mardi 23 juin 2009

Pensées diverses

"De toute façon on est toujours tout seul." C'est incroyable ce qu'il avait raison mon prof de philo.

Depuis l'enfance cette impression d'être un escroc partout, de n'avoir jamais rien mérité.

Il y a une semaine, je riais de Cioran en commençant "De l'inconvénient d'être né". Maintenant je le comprends. L'écriture est exutoire, les maux deviennent mots. La lecture, c'est l'inverse.

Toujours, en permanence la pire des interrogations "Est-ce réel?". Et toujours la même réponse, la seule valable, indétrônable "Peut-être".

Il suffit qu'un piano joue des accords mineurs et des intervalles courts pour qu'on ait tous envie de pleurer comme des madeleines. "Manipulé, moi? Jamais!"

Il n'y a rien de plus illusoire que la liberté. Qui peut sans mentir prétendre "Je suis libre"? On aime trop nos chaînes, nos aliénations petites ou grandes. On accuse l'État ou bien la société de limiter notre liberté. Mais mon premier geôlier, c'est moi-même.

On a tous nos drogues. On a tous besoin d'une échappatoire, d'une source de plaisir direct sans intermédiaire, même si l'on doit s'en rendre dépendant et y laisser une part de nous-même à chaque fois. Putain d'endorphines.

Il est impossible de discuter avec des croyants. Que peut-on répondre à "Je le sais parce que j'y crois"?

A de multiples occasions, la forte tentation de l'existence d'un dieu. Puis le sentiment que c'est finalement beaucoup plus marrant et logique sans.

L'écriture dilue la douleur. Elle divertit l'esprit, le force à se concentrer sur les mots, la forme, l'expression plutôt que sur le sentiment lui-même.

Cherche désespérément à éviter la spécialisation. Je veux m'intéresser à tout, tout connaître, tout comprendre. Mais seulement si peu de temps.

Je sais que la perfection m'ennuierait. Mais qu'est-ce que je la recherche...

Je me surprends des fois à souhaiter être né idiot.

C'est quand on regarde les pubs sans le son à la télé qu'on peut apprécier le travail sur l'image, les couleurs... C'est l'art au service de la manipulation. C'est beau.

La tentation parfois de proclamer que je suis unique. Unique au milieu d'uniques, comme un zèbre au milieu d'un troupeau de zèbres.

Qu'est-ce qui m'attire dans la musique? Le fait de ne pas savoir ce qui m'attire dans la musique.

Au fur et à mesure des réflexions, l'impossibilité de plus en plus flagrante de prendre position. La réflexion tue l'action, tue l'instinct. Toutes les activités de l'homme sont animales et pas réfléchies.

J'ai l'impression que les chats nous narguent, nous regardent de haut. Comme s'ils avaient saisi un élément primordial du monde qui nous aurait échappé en chemin.

Tant de questions posées, un univers de questions et, au delà, d'autres questions. Même les réponses sont des questions.

Certains trouvent rassurant l'existence du Big Bang, d'un début à l'univers. Ils ne doivent pas avoir saisi que le Big Bang est la création de l'espace et du temps eux mêmes. L'image d'une tête d'épingle qui s'étend est répandue. Oui mais, il s'étend dans quoi? L'espace lui même est une création du Big Bang. Et qu'y avait-il avant le Big Bang? La réponse n'est pas "rien". C'est beaucoup plus complexe et absurde que ça. On ne peut même pas parler de "avant" ni même de "temps". Personnellement, ça m'angoisserait moins que l'on me dise que l'univers existe depuis toujours et qu'il ne s'étend pas. Un univers fixe et immuable est tellement moins source d'interrogations.

mercredi 17 juin 2009

Bernard Werber ou l'anti-philosophie

Sur plein de sites et de forums, je vois écrit que les livres de Bernard Werber sont truffés de symboles spirituels et d'idées philosophiques cachées. Autant l'annoncer directement, si c'est là votre vision des choses, il vaut mieux la réviser un peu beaucoup.

Étant donné que cet article risque fort de descendre Werber, autant que je commence par ce que j'aime chez lui car tout n'est pas à jeter, loin de là. Je trouve en effet qu'il s'agit d'un bon écrivain, un des rares encore correct ayant su allier le fantastique/SF avec le grand public actuellement. Et honnêtement, les fourmis restent parmi mon top 50 des livres (vers la 40ème place on dira, ce qui n'est pas rien: c'est comme si on plaçait un mec d'la Nouvelle Star parmi Hendrix et Beethoven). Enfin bref tout ça pour dire qu'à l'époque des fourmis (tome 1 je précise), Werber c'est fluide et ça se lit bien dans le train tout en ayant plus de qualité que la soupe fournie par Marc Lévy ou Guillaume Musso.
Mais là n'est pas la question. Le propos ici n'est pas de juger des qualités littéraires de Werber mais bien du côté philosophe/visionnaire/gourou/génie que certains lui accordent.

Alors, non, non, cent fois non, il n'y a aucun message caché dans les livres de Werber. Les allusions philosophiques ou spirituelles sont encadrées, soulignées et répétées au cas où c'est pas rentré. Et c'est bien ça le problème. Les deux premiers tomes des fourmis par exemple sont encore supportables à ce niveau là mais le troisième devient tellement téléphoné. On sait presque avant l'auteur lui même ce qui va se passer. Genre "Hey regardez, ça ressemble à une remarque anodine mais c'est la notion autour de laquelle la suite va tourner. Et pour que vous saisissiez bien le truc, je rajoute un personnage qui l'explique à la page suivante".

Et encore si ce n'était que ça mais non. Werber ne fait pas de philosophie ni de spiritualité, il reprend des lieux communs, les enroule dans un cape pour faire mystérieux et les ressort comme ça. Et c'est là que le bât blesse. Plein de gens croient avoir affaire à des idées de haut niveau alors qu'ils bouffent du réchauffé. Un peu comme un sac à main carrefour sur lequel on aurait collé un logo Gucci. Alors d'accord si ça peut servir d'introduction, si c'est pour donnner envie de se tourner vers la philosophie ensuite, je suis tout à fait pour: j'ai bien commencé à écouter du métal par Linkin Park. Mais si c'est pour faire de Werber un génie et un maître à penser alors c'est tout le contraire de la philosophie.

Alors, grandes idées cachées: non, réflexions profondes: non, visionnaire et philosophe: non. Il faut prendre Werber pour ce qu'il est, un bon auteur (parmi les best-sellers actuels bien sûr) qui épice (malheureusement beaucoup trop) ses histoires de liens avec des lieux communs philosphiques et spirituels pour parler à tout le monde et donner une apparence de profondeur là où il n'y a qu'une histoire.
Il a malheureusement tendance, en général depuis la fin des fourmis, à fournir trop de sauce et pas assez de viande comme dans "Le papillon des étoiles" par exemple. Je m'explique, l'idée de base est géniale, le développement sympathique (bien qu'il commence à partir un peu de travers) mais la fin ridiculise tout le livre par ce caractère pseudo philosophique qui la fait tomber dans un cliché baveux. C'est un peu le contraire avec "Le Mystère des dieux", l'idée de la fin est excellente mais elle est gâchée par tout le reste du bouquin qui l'introduit lourdement en insistant bien trop sur le concept de mise en abyme et surtout par le délire dans lequel part l'auteur avec ses personnages.
Si vous n'avez pas lu ces deux livres, inutile de préciser que je ne les conseille pas. Lisez plutôt la trilogie des fourmis (en excusant le troisième tome, on dira qu'il a dû faire un truc vite fait, pressé par son éditeur) ou dans un autre style, prévisible mais sans être lourd, "Nos amis les humains".

Ps: Oui, il s'en prend beaucoup dans la tête mais c'est parce qu'il m'a beaucoup déçu. Ses premiers livres (avant un trop grand succès) étaient de qualité. Je m'attendais enfin à un bon auteur de fantastique/SF francophone qui aurait pu apporter quelque chose et je me retrouve avec un mec imbu de son succès qui se contente de copier-coller ce qui a plu aux gens dans ses bouquins pour en faire un nouveau. Enfin, si je ne lui accordais vraiment aucune qualité ni aucune valeur, je n'aurais pas passé du temps à écrire ça (même si je m'ennuie méchamment).

lundi 8 juin 2009

Home, ou comment déprimer à 2h du matin

Comme un grand besoin de tout remettre à plat. Du genre, on repart à zéro et on réexplique (avec une vulgarisation bien adaptée) comment la Terre fonctionne et pourquoi on la détruit.

Inégalités sociales, problème de l'eau, réchauffement climatique, tout y passe et au cas où c'est pas assez, la musique géniale vient clouer ça dans le cerveau. C'est presque insoutenable, ça vous tape dans la face et on peut difficilement (si on a encore une âme) en sortir indemne.
C'est du coup assez déprimant, j'ai failli me mettre à pleurer comme un gosse et j'ai passé presque tout le film avec la jolie boule dans la gorge qu'on connaît tous.

Pas de la tristesse, non. Juste de l'impuissance. Oui moi simple mec je veux bien arrêter de manger de la viande, prendre moins de bains, prendre ma voiture le moins possible, consommer bio et équitable mais qu'est-ce que ça peux changer? On est tous tellement englués dans notre mode de vie comme les mouettes dans le pétrole de l'Erika que ça peut rien faire. C'est comme au collège, les séchages de cours massifs qu'on a tous essayés de mettre en place. Seulement on sait bien que les trois premiers rangs ne suivront pas et du coup tout le monde se retrouve dans la merde.

En conclusion, à part me faire une bonne piqûre de rappel de ce que je savais déjà et me déprimer, ce film n'a réussi qu'à me rendre plus misanthrope encore. Enfin ceci dit la musique est magnifique, les images sont exceptionnelles et la fin m'a donné envie d'y croire encore (ben ouais, on sait jamais, p'tet que dans deux ans il y aura une révolution ou bien que le peuple mettra des gens intelligents au pouvoir qui songeront plus aux hommes qu'à l'argent).

Enfin bref, ceci dit, je conseille ce film à tous parce que ça peut jamais faire de mal. Un peu de déprime, c'est toujours bon pour la santé: faut prendre un bon appui sur le sol si on veut sauter haut. Le film est visible ici jusqu'au 14 juin.

PS: Dans un autre registre mais tout aussi déprimant, une femme a été convoquée par la brigade de répression de la délinquance pour avoir laissé un commentaire sur une vidéo de Nadine Morano sur Dailymotion. Le texte du commentaire était "Hou la menteuse". Source: L'Express. Et après ça on s'étonne que je sois blasé...