mardi 16 février 2010

J'ai mangé le soleil (Suite)

Le chat était d'un noir de suie et portait fièrement ses moustaches translucides.
"Que fais-tu là, lui demandai-je, et pourquoi miaules-tu ainsi?"
"Je ne peux plus descendre, me répondit-il, mes griffes sont recourbées: elles sont parfaites pour grimper mais ne servent à rien pour la descente."
Mon compagnon le bouleau étendit alors une de ses branches sur laquelle le chat grimpa pour se faire déposer au sol, sain et sauf, quelques instants plus tard.
"Où allez-vous donc?, demanda ensuite le félin, Vous formez une bien étrange compagnie. A-t-on jamais vu un homme et un arbre voyager de concert?"
"En quoi cela importe? Nous voyageons ensemble car nous allons au même endroit bien que nous ne connaissions pas notre destination. Viens donc avec nous si tu n'as rien de prévu."
Le chat noir ne se le laissa pas dire deux fois et nous emboita sans hésiter le pas. Il avait pompeusement dressé la queue et arrondi le dos.

Au bout de quelques instants, le bouleau et moi vîmes partir notre ami félin comme une flèche en direction d'un trou dans le mur dans lequel était tapie, toute tremblante, une petite souris grise au museau rosâtre...

samedi 9 janvier 2010

Vrai et faux

A partir d'une seule proposition fausse, on peut démontrer ce que l'on veut sans jamais enfreindre les lois de la logique et en n'utilisant que des propositions vraies par ailleurs.

Faisons jaillir le faux du faux.
Démontrons que je suis Einstein à partir de la proposition erronée 4x8=36. Ca paraît audacieux mais puisqu'on est parti d'une proposition fausse, tout est possible.
On a 4x8=36, on va diviser par 4 des deux côtés de l'équation, on se retrouve donc avec 8=9. Il suffit ensuite de soustraire 7 à chacun des membres pour obtenir 2=1. Einstein et moi sommes 2 personnes différentes, or 2=1 donc Einstein et moi sommes la même personne. CQFD.

Mais d'une proposition fausse ne jaillit pas forcément un résultat faux.
On a 4x8=36 soit 8=9 soit 2=1. Le 2 de gauche vaut donc 1. On a donc 1=1, ce qui est indiscutablement vrai.

Ainsi, à partir d'une seule proposition erronée, il est possible de tirer n'importe quelle conclusion même si l'on n'utilise par ailleurs que des propositions vraies.
L'avantage est que, pour détruire un raisonnement, il suffit uniquement de prouver qu'une des propositions utilisées est fausse.
En revanche, si une proposition fausse passe dans un raisonnement sans être relevée alors ce raisonnement peut conduire à tout. Il est donc crucial de bien passer au crible les propositions de son adversaire lors d'un débat et de ne pas concéder un élément trop hâtivement.

Quoiqu'il en soit, à partir du vrai ne peut jaillir que du vrai ou bien les lois de la logique ont été biaisées quelque part. Ce genre d'erreur arrive souvent lorsque l'on prend le contraire d'un énoncé et ce procédé est souvent utilisé par les politiques, de façon flagrante quand ils sont mauvais et insidieuse quand ils sont bons.
Par exemple, le contraire de "Tous les moutons sont noirs" est "Il existe au moins un mouton qui n'est pas noir" et non pas "Il existe au moins un mouton blanc" ou pire "Tous les moutons sont blancs".

En conclusion, tenez-vous en au vrai et au vérifié, vous n'en tirerez que du vrai.

Et un dernier exemple pour la route parce que j'aime bien ce genre de raisonnement: à partir de la proposition "Les cachalots volent", montrons que je suis un extra-terrestre.
Les cachalots volent, ils peuvent donc se déplacer dans l'atmosphère. Or, les cachalots ne peuvent se déplacer que dans l'eau. L'atmosphère est donc constituée d'eau.
Je ne peux pas vivre dans l'eau. Or, l'atmosphère est constituée d'eau donc je ne peux pas vivre sur Terre.
Je suis donc un extra-terrestre. CQFD.

vendredi 8 janvier 2010

Trois réflexions au hasard

Il est impossible de faire partager une sensation. Même les plus banales d'entre elles comme la vision d'une couleur.
La maîtresse me dit: "Les arbres sont verts." D'accord mais je suis pas plus avancé, moi. C'est quoi le vert?
Le physicien me dit: "Le vert c'est une onde électromagnétique d'une longueur d'onde de l'ordre de 550 nanomètres dans le vide." D'accord. Et le vert c'est quoi?
Le vert n'est que le nom que l'on donne à la sensation que l'on perçoit quand on regarde une pelouse par exemple. Mais la sensation en elle-même n'est pas communicable. Rien n'empêche d'imaginer que je perçois le vert comme vous percevez le rouge. Cela ne change strictement rien étant donné que quand on dira que les arbres sont verts, on aura tous raison même si nos sensations sont différentes. On peut imaginer ensuite les mêmes choses pour toutes nos sensations sans trop de difficulté.
On vit donc tous dans un monde entièrement personnel et indescriptible. Ce qui nous tient liés n'est que notre capacité à communiquer, à avoir un consensus pour désigner un objet.


Le physicien Martin Rees a écrit un livre ("Just Six Numbers") qui explique que si parmi 6 constantes fondamentales de la physique, une seule était différente, ne serait-ce qu'un tout petit peu, l'univers n'aurait pas pu abriter la vie. Bon nombre de gens y voient l'influence de Dieu, fixant les 6 constantes précisément pour que la vie se développe.
C'est faire la grosse erreur de croire que parce que nous existons, l'univers est comme ça. C'est se placer au centre, comme on a trop souvent tendance à le faire. Il est plus sérieux de penser que nous existons parce que l'univers est comme ça.
Bien sûr la différence ne saute pas aux yeux a priori mais elle est pourtant de taille. Nous ne parlons d'univers et de constantes fondamentales que parce que l'univers est justement tel qu'on a pu y apparaître. Rien ne nous empêche d'imaginer de multiples univers se développant l'un après l'autre ou bien en parallèle et que seul le nôtre soit capable de donner naissance à la vie.
Il en va de même pour la Terre qui semble avoir été "placée" parfaitement sur une orbite quasi-circulaire dans le système solaire, à la juste distance d'un Soleil unique de bonne taille et sous la protection gravitationnelle de Jupiter qui détourne les astéroïdes dangereux. Mais quand on songe à la quantité de planètes dans l'univers, une configuration si particulière n'est plus si improbable.
La probabilité de gagner au Loto est très faible, mais si on joue suffisamment de grilles, il y en aura forcément une de gagnante.


"Cette phrase est fausse." "Je suis en train de mentir." On a là deux jolis exemples de paradoxes. On ne peut tout simplement rien dire.
"On est comme tout le monde, unique." On se dit qu'on a un nouveau paradoxe. Mais en réalité, il n'y a aucun problème dans cette phrase malgré sa contradiction a priori. C'est juste qu'on a tendance à considérer que "unique" est déterminant comme "grand, idiot, violet..." Mais alors que ces derniers représentent une relation d'égalité X=Y, l'unicité signifie seulement que X est différent de Y. Ainsi la première relation fixe X alors que la seconde le laisse indéterminé et ne lui donne qu'une petite propriété.
N'ayez donc pas peur de partager votre unicité avec les autres, vous n'en aurez pas moins.

mardi 10 novembre 2009

Art contemporain: La Vie



C'est l'oeuvre magistrale. C'est là où la simplicité de l'unique trait de stylo, par la main de l'artiste réalise dans toute sa théâtralité la représentation du plus grand mystère de la condition humaine: la vie. A l'époque où la plupart d'entre nous ont délaissé le stylo pour l'ordinateur, l'artiste nous ramène à cette base, à ce lien entre la main, organe humain par excellence, et la feuille, représentation fortuite de la nature de par sa provenance du bois. C'est la réconciliation de la nature et de la culture, si longtemps opposés par les penseurs au cours de l'histoire de l'humanité, qui se réalise sous nos yeux par le biais du stylo. La vie, semble nous dire l'artiste, est le mélange, l'intime fusion, de la main culturelle et de la feuille naturelle (ne parle-t-on pas de feuilles d'arbre?) par le truchement de l'objet stylo bleu, issu des capacités techniques de l'homme qui ne sont rien d'autres que ses efforts pour adapter sa culture à la nature. Voilà pourquoi cette oeuvre mérite d'entrer au panthéon des représentations de la vie dans l'art.

Mais penchons-nous un peu plus sur ce que l'artiste a voulu représenter dans l'oeuvre magistrale que nous avons sous les yeux. Tout en haut, nous avons la période pré-natale où l'homme, bien au chaud dans le ventre de sa mère se construit peu à peu. C'est la spirale vers l'extérieur, où la courbure du confort et du plaisir semble ne jamais finir. Vers la fin de cette spirale commence à apparaître la première perturbation qui reste cependant tout en douceur grâce à la courbe. Puis vient le traumatisme de la naissance avec son angle extrêmement aigu. L'enfant qui vient de naître cherche à rester dans le confort de la courbe avant de finalement comprendre l'inutilité de cette position et d'entrer dans la vie et donc dans la ligne droite.

Chez l'artiste, chaque épisode de la vie n'a pas de sens mais la vie en général en a un, représenté par l'évolution du haut vers le bas. Tout le concept de la vie réside dans le fait que l'homme va chercher à la remplir le plus possible d'où les nombreux détours effectués. Les angles sont autant de choix que chacun doit effectuer dans sa vie, choix qui auront des conséquences importantes à petite échelle (représentées par les changements brutaux de direction) mais qui ne seront pas décisifs à grande échelle, l'avancée vers le bas se produisant inexorablement. La vie se finit sur un trait horizontal, symbole de l'électrocardiogramme plat accompagné de sa sonnerie monotone que l'on peut presque entendre en fixant le dessin.

Le choix de placer la naissance en haut et la mort en bas est la représentation de la conception que l'artiste a de la vie, à savoir que la naissance en est le sommet et que tout le reste n'est que déclin inévitable vers la fin. De même, le fait que la ligne ne soit pas fermée représente le rejet de la part de l'artiste du soi-disant cycle de la vie. Comme il l'a si magnifiquement dit lui même:"La vie est un processus personnel, égoïste, la vie n'a de sens que pour moi et n'a donc de sens que comme un trajet de la naissance à la mort. Le fait que l'on se fasse bouffer ensuite par des asticots qui nourriront les larves d'abeilles qui polliniseront les fleurs qui donneront des cerises qui seront mangées par d'autres hommes n'a rien à faire dans ce processus hautement égocentrique qu'est la vie."

Ou alors je me faisais juste sacrément chier en TD de béton précontraint...

lundi 19 octobre 2009

J'ai mangé le soleil

Un jour j'ai mangé le soleil. Comme ça, je l'ai avalé tout rond d'un coup, comme les comprimés que l'on me donne quand je ne vais pas bien. Je sais bien que vous riez et que vous pensez que c'est impossible. Mais laissez-moi donc vous compter mon histoire avant d'en juger.

C'était un 28 décembre. Un de ces jours dégagés d'hiver durant lesquels le soleil est suffisamment bas sur l'horizon pour qu'on puisse l'attraper et suffisamment froid pour qu'il ne nous brûle pas. La journée avait bien commencé et je me promenais sur les quais de Seine, mon appareil photo autour du cou dans l'espoir de trouver un des derniers oiseaux de Paris qui ne fusse pas un pigeon.
C'est alors que, du coin de l'œil, je vis un jeune bouleau sauter sur une zone terreuse pour y planter ses racines. « Etrange, me dis-je, pourquoi ce bouleau vient-il se planter ici? Un gros platane lui fait de l'ombre, ne serait-il pas mieux un peu plus loin, là où le soleil luit sur le gazon? » Je crois alors avoir pensé tout haut car le bouleau me répondit d'un ton triste: « Hélas, mon pauvre homme, le loyer là-bas est bien trop cher pour un pauvre bouleau comme moi. Si encore j'étais un cerisier, je pourrais me payer un beau coin ensoleillé en vendant mes fruits. Mais je suis né bouleau et bouleau je resterai. » Disant ces mots, l'arbre fut secoué de sanglots et ses branches se mirent à pendre lamentablement, le faisant ressembler à un saule pleureur.
« Pourquoi se lamenter ainsi?, lui répondis-je. Prends donc ton courage à deux feuilles et allons chercher ensemble un coin sympathique où tu pourras crécher sans avoir de loyer à payer. » Le bouleau sauta sur ses racines et m'accompagna dans ma promenade.

Nous marchions ensemble depuis une bonne heure, profitant de la journée, lorsque nous entendîmes un miaulement au dessus de nos têtes. Un chat se tenait là, dans un arbre au niveau d’une fourche et n’arrivait pas à descendre…

dimanche 13 septembre 2009

Moonlight

Une pulsion musicale.
Une composition à la minigratte, 2 pistes, 30 minutes de composition/enregistrement/mixage, 45 secondes de musique.

Et ça sonne comme une musique de film. Un peu trop à mon goût même, je sais pas où j'ai pu choper cette idée.

Comme d'habitude, j'ai la flemme de chercher un endroit pour uploader de la musique alors je fais une pseudo vidéo, ici avec une jolie image de Lune que j'ai prise cet été au téléobjectif sur l'île d'Oléron.
Pour les facebookiens qui voient pas la vidéo et donc qui peuvent pas entendre le son, faut aller ici: http://soulchapo.blogspot.com c'est mon blog et sans me vanter il est génial (et super fréquenté surtout).



Voilà, si quelqu'un reconnaît la musique que j'ai copiée sans le vouloir (ça me fait penser à une musique de film alternatif américain, genre Juno, Little Miss Sunshine ou Garden State avec de la pop planante indépendante américaine en BO), qu'il ou elle me le dise parce que ça me saoûle de pas trouver...

jeudi 10 septembre 2009

De l'art de gueuler suffisamment fort

Le monde est un brouhaha constant. Il se passe tellement de choses, tellement rapidement que tous les événements sont vite noyés dans le torrent des suivants.
On a de plus en plus de mal à se rappeler des nouvelles d'il y a une semaine. Pourtant on est extrêmement bien informés, du moins en quantité, mais probablement trop.

Le problème n'est donc plus d'avoir des idées ou du talent mais de savoir comment le montrer et le vendre.

Nous vivons dans l'ère de la communication, il faut trouver l'élément qui retiendra l'attention de la cible. L'élément qui rendra l'information différente des autres et donc retenue. Les publicitaires font ça très bien. Tout est pensé pour attirer l'attention du public.
Quand on veut focaliser l'intérêt sur un problème, il est plus valable de faire une action d'éclat que de l'exposer dans toute sa gravité.

Ainsi, plus la teneur médiatique d'un événement augmente, plus son message est faussé et réduit. Quand on crie, on ne peut pas tenir longtemps et on s'essouffle trop rapidement pour pouvoir tout dire.

C'est cependant et malheureusement la seule façon de se faire entendre.

Il s'agit donc de savoir comment gueuler par dessus le brouhaha ambiant quand on n'est pas publicitaire, ni journaliste, ni que l'on a assez d'argent ou d'intérêt pour s'acheter de l'espace dans les médias.


Niveau 1: Les débats, les pétitions, les lettres...
C'est le premier stade. Quelque chose ne nous plaît pas, on le fait savoir. Si besoin on se monte en association, on en discute, on cherche à contacter les responsables politiques. C'est l'emmerdement minimum, personne n'est gêné. On peut distribuer des tracts aux passants, tracts généralement pleins de texte expliquant le pourquoi du comment et les problèmes exacts.
Au mieux, on obtient un entrefilet dans la presse locale (si on y a un contact) et une réponse sous forme de lettre-type signée par l'obscur sous-fifre d'un obscur conseiller d'un quelconque ministre.

Niveau 2: Les grêves, les manifestations...
Là, le niveau monte un peu. On comprend qu'il va falloir se mettre à emmerder quelques personnes pour se faire entendre. On se réunit à plusieurs dans la rue, forçant la police à fermer quelques rues ou bien on arrête de travailler, sacrifiant son salaire au passage mais touchant l'entreprise là où ça fait mal. Les tracts ont de moins en moins de texte, les explications sont remplacées par des listes des points posant problème, perdant par là de l'information et donc la teneur du message initial. Les panneaux portent des slogans courts et des images impressionnantes.
Les médias commencent un peu à s'intéresser au cas, quelques personnalités politiques s'agitent et commencent à montrer le bout de leur nez.

Niveau 3: Les actions d'éclat
Ca commence à devenir assez lourd. L'imagination fonctionne à plein régime, il faut trouver l'image choc. On va démonter des Mc Donald's ou planter des tentes près du canal St Martin. On fait des opérations escargot sur l'autoroute, on occupe des usines, on va déverser du lisier/lait/pneus/tomates/poissons (rayer les mentions inutiles) devant un quelconque symbole politique. Les tracts disparaissent. Les slogans sont réduits à 2 ou 3 scandés à tue-tête. Les insultes font leur apparition.
Les télés sont présentes en masse si elles estiment que le public est intéressé. La pauvreté marche bien, le quota du pêcheur moins bien. Les grandes causes trouvent une adhésion massive du public, les autres finissent dans l'oubli.

Niveau 4: La violence
On atteint enfin le stade ultime. La coupe est pleine. Les grandes causes ayant l'adhésion des médias font ça de manière relativement douce, il ne leur manque qu'un peu de reconnaissance alors on séquestre les dirigeants. On peut aussi poser des bouteilles de gaz et menacer de faire sauter une usine. Les causes moins médiatisées à l'origine mais portées par un nombre suffisant de partisans motivés sombrent dans le terrorisme: on pose des bombes, on assassine ou on tente d'assassiner des personnalités. Le message est noyé dans le bruit des coups.
Les médias sont présents mais le traitement de la violence qui est très rentable a supplanté celui des revendications, tout juste quelques rappels de la situation. L'opinion publique commence à douter et hésite à cautionner. La violence étant par essence éphémère et impossible à maintenir dans la durée, la cause sombre peu à peu dans l'oubli...


Il apparaît donc que plus la cause est médiatisée, moins elle est réellement connue. Il n'y aurait donc aucun espoir de se faire entendre?

Si, et il est relativement simple. Se servir de la violence mais faire en sorte qu'elle soit dirigée contre la cause défendue. Les violents fournissent l'exposition médiatique et les victimes peuvent s'en servir pour faire passer leur message.
Quelques exemples: les licenciements massifs ont souvent bonne presse et les employés sont entendus, les opposants iraniens ont fait parler d'eux, les américains étaient adulés après le 11 septembre...
Bien sûr, il faut quand même avoir une cause relativement médiatique, c'est-à-dire qui intéresse les gens et qui ne soit pas contraire aux intérêts des personnes liées aux médias.
Par exemple, les morts dus à la faim ou au sida ne sont pas intéressants, les pas-encore-morts de la grippe A le sont beaucoup plus.

En conclusion, pour te faire entendre, sois comme tout le monde, attire la violence et attise la haine des gens différents contre toi...

mardi 8 septembre 2009

L'information nous entoure

On se croit forts, nous, humains. On domine notre environnement, paraît-il. Mais a-t-on conscience de l'infinie complexité du monde qui nous entoure?

Là, les pseudo-poètes s'enflamment: "Mais oui, bien sûr, tu as raison (oui les pseudo-poètes issus pour l'occasion de mon imagination me tutoient). Quand on observe la beauté de la vie, l'amour, l'union de deux êtres qui en crée un troisième, l'art, l'instinct des animaux et blablabla..."
Moi, je vais juste vous parler d'un petit morceau de charbon. Le charbon qu'on jette dans le barbecue l'été pour qu'il fournisse la chaleur pour cuire la saucisse/merguez/autre viande bien grasse qui va suinter son cholestérol, cholestérol qui à terme bouchera nos artères et nous fera crever dans d'atroces souffrances. Mais bon, en même temps, c'est tellement bon un barbecue. Anyway, passons aux choses sérieuses.

Avant de commencer à divaguer je préfère préciser que malgré les développements qui pourront apparaître scientifiques (bien qu'ils soient plutôt basiques en réalité, mais bon on s'en fout, là n'est pas la question) tout le monde pourra saisir la conclusion même s'il n'a rien compris au développement. Ceci dit, commençons.

Donc nous avons devant nous un morceau de charbon. 12g sur la balance. Banal, quoi. 12g de carbone pur, on va négliger les impuretés (hypothèse simplificatrice n°1).
D'après M. Avogadro, qui était loin d'être bête (si il l'était, alors on est vraiment dans la merde parce qu'une bonne partie des sciences pourrait aller se rhabiller), ce morceau de charbon contient 6,02.10^23 (10 puissance 23, soit un 1 et 23 zéros derrière que j'ai la flemme d'écrire d'où la notation en puissance de dix) atomes de carbone.
On va se contenter d'ordres de grandeur donc on dira 10^23 atomes (hypothèse simplificatrice n°2). Ce qui fait plus que pas mal d'atomes quand même.

Considérons (hypothèse simplificatrice n°3 pour éloigner les malins de la mécanique quantique) qu'il suffit de connaître exactement chacun de ces atomes pour connaître exactement notre morceau de charbon et pouvoir entièrement déterminer ce qu'il est, ce qu'il fait dans la vie, etc...
Connaître un atome veut dire connaître sa position dans le morceau de charbon, ses déplacements (ben ouais le charbon il est bien fixe mais le carbone dedans il vibre comme si sa vie en dépendait), son état d'excitation, enfin tout plein de paramètres physiques.
Imaginons (hypothèse simplificatrice et entièrement fantaisiste n°4) que connaître un atome revienne uniquement à connaître 8 grandeurs pouvant prendre chacune 2 valeurs différentes.
Cela veut dire que chacune de ces grandeurs peut être représentée par un bit (les machins dans les ordinateurs qui peuvent prendre que 0 ou 1 comme valeur), connaître un atome reviendrait donc à trouver l'état de chacun de ces bits, chaque atome donnerait donc un octet (8 bits) d'information.
Si vous n'avez pas suivi cette partie, croyez moi et retenez quand même que c'est de la simplification à la tronçonneuse.

Maintenant qu'on a admis qu'un atome valait un octet d'information, remontons et cherchons la quantité d'information dans le morceau de 12g de charbon. Si vous avez bien suivi, c'est facile: 10^23 octets.
Mais bon on a l'habitude de manipuler des giga-octets et des téra-octets quand on achète des disques durs pour y stocker nos films et nos musiques piratés. On va donc convertir ce chiffre en téra-octets.
Hypothèse simplificatrice n°5 (elle ne va pas dans notre sens, contrairement aux autres mais est totalement négligeable, croyez-moi), nous allons considérer qu'un kilo-octet ne contient que 1000 octets (et non 1024 comme dans la réalité pour des raisons de puissance de 2 que seuls les geeks prennent en compte), de même un méga-octet sera fixé à 1000 Ko, etc... Donc un téra-octet correspond à 10^12 octets dans notre théorie.

Revenons donc à notre morceau de charbon de 12g (environ 24 bonbons Tic-Tac pour donner une idée du poids). Après toutes nos hypothèses simplificatrices, il contient 10^11 Téra-octets d'informations. Ca fait beaucoup de disques durs de 1To à acheter ça.
L'armée américaine, la NASA, la CIA et les autres (l'humanité toute entière en fait) n'auraient actuellement pas les capacités de stocker sur leurs disques durs autant d'information.


Je répète la conclusion pour ceux qui ont zappé ou qui sont encore abrutis par les calculs:

Tous les disques durs de la Terre mis ensemble n'ont pas une capacité suffisante pour stocker l'information contenue dans quelques grammes de charbon pour barbecue!


Alors bien sûr ce "calcul" n'a strictement aucune valeur. Mais il permet de se rendre compte que même sans aller jusqu'à parler d'esprit humain, d'instinct animal, de fonctionnement bactérien ou quoi que ce soit, on est clairement dépassé par la complexité du monde qui nous entoure, même au niveau le plus simple.

Ps: Il paraît qu'il y a des promos sur l'aspirine à la pharmacie à côté de chez moi. Juste au cas où...

mercredi 22 juillet 2009

Minigratte

Dans la série instruments de musique faits maison, je vous présente la petite dernière. C'est une guitare à 3 cordes fabriquée à partir de matériaux de récupération.


Elle est plutôt mignonne, non?

La caisse est faite à partir d'une boite de Quality Street en métal et le manche est un morceau de bois traversant la caisse et possédant des attaches pour les cordes à chaque extrémité. Les cordes sont des cordes de guitare classique en nylon entouré de métal, les 3 plus graves. La guitare est acordée pour jouer un accord de ré mineur à vide (Ré-Fa-La du plus grave au plus aigu) comme ça il suffit d'utiliser un bottleneck pour jouer tous les accords mineurs et d'ajouter un doigt sur la corde du milieu pour les accords majeurs.

Le système d'accordage est une création personnelle dont je ne suis pas peu fier, d'autant plus qu'il fonctionne très bien. Il est formé par une équerre métallique placée au bout du manche et par trois boulons. En serrant les écrous, on amène les têtes de vis vers l'extrémité du manche et on augmente la tension dans les cordes. Ces pièces sont les seules que j'ai achetées (5 euros pour le tout), le reste de la guitare est entièrement en matériaux récupérés, dans ma cave pour la plupart.


Oui, je suis vraiment fan de mon système d'accordage. En même temps j'ai passé plusieurs heures à réfléchir à ce problème pour trouver une solution simple, fiable et pas chère.

Donc voilà, après une dizaine d'heures de travail dans ma cave, la bête a poussé ses premiers cris aujourd'hui. Et elle miaule très bien pour ce qu'elle est (hihi métaphore filée).

Après plusieurs minutes d'apprentissage, j'ai enregistré quelques sons. Le seul moyen que j'ai trouvé pour les mettre en écoute a été de les intégrer à une vidéo. Voici donc les extraits sonores joués par moi (moins d'une heure de pratique alors indulgence, please) avec en fond une photo inédite parce que c'est mieux qu'un fond noir.



Voilà, c'était la dernière création des vacances, probablement la plus complexe à moins que je sois pris d'une idée encore plus bizarre une fois revenu à la fin du mois d'août.