lundi 19 octobre 2009

J'ai mangé le soleil

Un jour j'ai mangé le soleil. Comme ça, je l'ai avalé tout rond d'un coup, comme les comprimés que l'on me donne quand je ne vais pas bien. Je sais bien que vous riez et que vous pensez que c'est impossible. Mais laissez-moi donc vous compter mon histoire avant d'en juger.

C'était un 28 décembre. Un de ces jours dégagés d'hiver durant lesquels le soleil est suffisamment bas sur l'horizon pour qu'on puisse l'attraper et suffisamment froid pour qu'il ne nous brûle pas. La journée avait bien commencé et je me promenais sur les quais de Seine, mon appareil photo autour du cou dans l'espoir de trouver un des derniers oiseaux de Paris qui ne fusse pas un pigeon.
C'est alors que, du coin de l'œil, je vis un jeune bouleau sauter sur une zone terreuse pour y planter ses racines. « Etrange, me dis-je, pourquoi ce bouleau vient-il se planter ici? Un gros platane lui fait de l'ombre, ne serait-il pas mieux un peu plus loin, là où le soleil luit sur le gazon? » Je crois alors avoir pensé tout haut car le bouleau me répondit d'un ton triste: « Hélas, mon pauvre homme, le loyer là-bas est bien trop cher pour un pauvre bouleau comme moi. Si encore j'étais un cerisier, je pourrais me payer un beau coin ensoleillé en vendant mes fruits. Mais je suis né bouleau et bouleau je resterai. » Disant ces mots, l'arbre fut secoué de sanglots et ses branches se mirent à pendre lamentablement, le faisant ressembler à un saule pleureur.
« Pourquoi se lamenter ainsi?, lui répondis-je. Prends donc ton courage à deux feuilles et allons chercher ensemble un coin sympathique où tu pourras crécher sans avoir de loyer à payer. » Le bouleau sauta sur ses racines et m'accompagna dans ma promenade.

Nous marchions ensemble depuis une bonne heure, profitant de la journée, lorsque nous entendîmes un miaulement au dessus de nos têtes. Un chat se tenait là, dans un arbre au niveau d’une fourche et n’arrivait pas à descendre…

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