mardi 21 avril 2009

Agnostique

Quand on me demande si je crois en Dieu, je réponds que je suis agnostique. Et là, généralement, les gens bloquent. Certains traduisent agnostique en athée et d'autres me prennent pour un mystique.

En fait, l'agnosticisme consiste simplement à considérer qu'à la question de savoir s'il existe un Dieu ou non, il est impossible pour un humain de donner une quelconque réponse. Contrairement à l'athéisme qui tranche pour l'inexistence d'un Dieu, c'est accepter que notre connaissance est limitée, qu'il y a des sujets qui nous dépassent tout simplement parce qu'ils ne peuvent être l'objet d'une expérience possible pour reprendre l'expression de Kant (au sens dans lequel je la comprends, bien entendu, n'ayant aucune qualification particulière en philosophie autre que mon année de terminale passée à faire des scoubidous et les livres que j'ai lus).
Ainsi toutes les questions métaphysiques (au-delà de la physique, ie de l'expérience possible) n'ont pour moi aucune raison d'être puisque je ne peux pas y trouver de solution (ceci dit, ça ne m'empêche pas de me les poser tout de même, comme tout être humain qui se respecte).

Et cette vision des choses ramène selon moi les religions et les dogmes à leur juste place: des idées humaines et anthropomorphiques faites par des hommes pour des hommes. En effet, puisque la présence ou non d'un Dieu n'est pas "expérimentable" par l'homme, comment certains d'entre eux pourraient-ils en savoir plus à ce sujet que d'autres? Ainsi, s'il appartient à chacun de décider de croire en un Dieu ou non, il n'y a au contraire aucune raison de suivre certains rites plutôt que d'autres.
Pour moi, la religion doit donc plutôt être abordée d'un point de vue social et psychologique que du point de vue de la foi: on suit ces coutumes par tradition ou bien pour se retrouver entouré d'une communauté de personnes ayant des visions semblables du monde. Ce sont ces visions de la religion qui en ont tiré les meilleurs apports pour la construction de sociétés (les idées de morale, de culture commune, d'entraide...). Au contraire, la religion au sens de la foi est la voie royale vers l'intégrisme ("le livre est la parole de Dieu alors suivons-le au pied de la lettre") et donc vers d'inévitables tensions.

31 commentaires:

  1. Bonjour Antoine,

    Pour vous, il est impossible à un humain de savoir si Dieux existe ou non.
    Un peu d'humilité, Monsieur l'agnostique (un agnostique se veut humble, non ?). Dites que pour vous il est impossible de savoir si Dieux existe ou non, n'y incluez pas tout les humains.

    Et puis, de grâce, un peu de rationalité ! Un bon philosophe qui se respecte prend toujours la peine de définir les termes qu'il emploie dans une question. Vous dites : "Il est impossible de savoir si Dieux existe ou non".

    Qu'entendez-vous par savoir ?
    Qu'entendez-vous par Dieux ?
    Qu'entendez-vous par exister ?

    Par exemple,
    si savoir signifie ce que j'ai déjà rencontré dans mon expérience concrète,

    si Dieux signifie : le mot qui s'écrit D,i,e,u,x

    et si exister signifie qui peut-être lu

    alors vous savez que Dieux existe puisque dans votre expérience concrète vous avez déjà lu le mot qui s'écrit D,i,e,u,x.

    Bien sûr, je ne pense pas que c'est en ces termes que vous pensez les trois concepts, mais savez-vous vraiment vous-même en quels termes vous les pensez ou vous vous contenter de répéter comme un perroquet ce que d'autres ont dit ?

    Parler de Dieux c'est bien, mais pour moi la première qualité requise pour parler de Dieux c'est d'être libre debout sur ces deux pieds, majeur et vacciné.

    Toute homme est libre de penser ce qu'il veut. C'est à mon humble avis ce qui fait la grandeur de l'Homme. C'est pourquoi je trouve qu'il est beaucoup plus humain de dire des grosses conneries, mais les penser et les assumer, plutôt que de répéter des choses très intelligentes auxquelles on ne comprend rien.

    Ainsi c'est à l'homme Antoine que je m'adresse, celui qui pense librement. Et comme les différentes questions sont très complexes et que nous n'avons pas beaucoup de temps devant nous, nous allons commencer par le vif du sujet sans s'attarder en préliminaire,

    qu'entendez-vous par Dieux ?

    Pour commencer, pouvez-vous, pour vous, me donner une caractéristique minimale de Dieux ? J'explique les termes que j'emploie.

    Qu'entends-je par caractéristique ? Un ou plusieurs attributs qui définissent une chose et uniquement cette chose. Par exemple si je cherche une caractéristique pour un vélo, dire que c'est un moyen de locomotion à deux roues n'est pas une caractéristique puisque cela s'applique certes aux vélos, mais aussi aux motos, aux scooters etc... Par contre dire, que c'est le moyen de locomotion inventé par le baron allemand Karl Drais von Sauerbronn est une caractéristique d'un vélo puisqu'il définit un vélo et uniquement un vélo.

    Qu'entend-je par caractéristique minimale ? J'entends une caractéristique qui fait que si on supprime l'un des termes alors ce n'est plus une caractéristique. Par exemple, si je dis qu'une caractéristique d'un vélo est le le moyen de locomotion inventé par le baron allemand Karl Drais von Sauerbronn et qui comporte des roues n'est pas une caractéristique minimale, le "qui comporte des roues" étant en trop.

    Donc pouvez-vous me donner une (ou plusieurs si vous êtes inspirés) caractéristique minimal de Dieux, selon vous ?

    Au fait, qui suis-je ? Quelqu'un qui aime partager la question de "Dieux" avec des gens pas forcément bardés de diplôme, mais qui pense d'eux-même.

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  2. Cher Ludovic,

    Il s'agissait ici d'un article écrit assez rapidement et non d'une dissertation pour laquelle j'aurais en effet été bien plus précis dans l'explication de mes termes.

    Commencer par m'accuser de répéter des choses que je ne comprends pas est assez malvenu pour générer un débat constructif, mais je passerai outre car le sujet m'intéresse et les débats permettent toujours aux deux parties, si elles sont suffisamment ouvertes d'esprit, de clarifier leurs idées même si elles n'atteignent aucun consensus.

    Tout définir précisément est non seulement fastidieux mais également voué à l'échec car en régressant de définition en définition, on se retrouve rapidement, comme l'ont fait les membres de l'OULIPO, à écrire quatre pages pour définir un chat sans être plus avancé. Pour les besoins de la démonstration, j'essaierai cependant de clarifier un peu les notions.

    Etant scientifique en formation, savoir signifie pour moi avoir une preuve. Je sais que mon ordinateur existe car j'en ai la sensation par la vue, le toucher et l'ouïe. Bien sûr que ce ne sont que des sensations et rien n'empêche d'imaginer que l'on me joue un tour mais mon cerveau regroupant ça en un tout cohérent sous le nom "ordinateur", cela me suffit pour prétendre à son existence.

    Exister est bien plus compliqué. C'est en quelque sorte un mot irréductible. Il se suffit à lui même mais je vais tout de même essayer de le clarifier. Les choses qui existent émettent de l'information: un arbre réfléchit la lumière du soleil et émet ainsi de l'information. Les sens sont un moyen pour nous de capter une partie de cette information: Je vois l'arbre. Rien ne me permet de prétendre en revanche que je capte toutes les informations émises par l'arbre et ce n'est effectivement pas le cas car je ne détecte pas les UV et les infrarouges qu'il me transmet par exemple.

    Définir Dieu est une question encore plus vaste et bien des philosophes et des théologiens s'y sont cassé les dents.
    Plutôt que de chercher à donner une caractéristique minimale de Dieu, je me contenterai de n'utiliser qu'une de ses caractéristiques, celle-ci étant suffisante pour les besoins de ma démonstration: Dieu est surnaturel. Je pense qu'il s'agit d'un fait communément admis par l'ensemble des gens lorsqu'ils parlent de Dieu ou pensent à propos de Dieu.

    Je vais maintenant décrire surnaturel tel que je l'entends. Quelque chose est surnaturel (ou en d'autres termes métaphysique) si l'information qu'il émet est au delà de la nature, qu'elle ne nous est pas accessible que ce soit directement via nos sens ou via des appareils qui adaptent cette information pour nos sens.

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  3. Venons en maintenant au vif du sujet.
    Si Dieu est surnaturel, il émet de l'information qui ne m'est pas accessible. Je ne peux donc recevoir aucune information provenant de Dieu et je n'ai donc en ce sens aucune preuve de son émission d'information ou non. Donc je ne peux pas savoir si Dieu existe.

    Alors bien sûr on peut me dire que Dieu peut me prouver son existence en venant faire un miracle devant moi. Mais dans ce cas, on sort du domaine du surnaturel. J'ai devant moi deux états naturels reliés entre eux par un élément inexplicable. Un tour de magie est également inexplicable, dois-je en conclure pour autant qu'il est surnaturel ou simplement que l'information l'expliquant m'a été dissimulée?

    En faisant ce raisonnement, je ne pense pas avoir fait appel à des propriétés qui me sont particulières et, en ce sens, il me semble généralisable à tout être humain, n'ayant aucune raison de me croire unique. Ce que vous prenez pour un manque d'humilité n'est donc que l'expression de cette humilité.

    Ceci dit, je m'excuse pour le retard, je n'avais pas vu votre commentaire avant. J'espère que vous pourrez lire ce message et que nous pourrons continuer le débat.

    Cordialement,

    Antoine

    PS: Karl Drais von Sauerbronn a inventé la draisienne qui n'est pas à proprement parler un vélo étant donné qu'il manque les pédales.

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  4. Bonjour Antoine,

    J'avoue que j'ai été un peu dur avec vous et de façon gratuite, je vous prie de bien vouloir m'en excuser. La raison en est que des articles comme celui que vous aviez posté, on en trouve à la pelle. C'est pour cela que je pique un peu pour voir s'il y a du répondant derrière. Je constate avec plaisir que c'est le cas pour vous et que vous savez de quoi vous parlez.

    Vous dites que Dieu est surnaturel. Pour moi, c'est une évidence, mais pas avec la même définition de surnaturel que vous. Il est surnaturel dans le sens qu'il est "sur" la nature, il est au-delà de la nature et de par sa position il la domine. Ce que je crois, puisque je crois que Dieu en est le créateur et que Dieu n'est pas un produit de la création. De ceci, j'en arrive à ma caractéristique minimale de Dieu : "Dieu est non créé."

    Toutefois, comme je crois que Dieu est le créateur de la nature, je ne partage pas votre point de vue comme quoi aucune information sur Dieu ne nous est accessible dans la nature. C'est même l'inverse, je pense que tout dans la nature est une information sur Dieu. Pas une information directe certes, mais une information tout de même. En analysant la nature en utilisant sa raison de manière juste - toute la nature, à la fois la création visible mais aussi invisible - , nous sommes un peu comme les lecteurs d'une œuvre littéraire qui ne savons rien sur son auteur mais qui essayons d'en savoir à travers l'œuvre elle-même. La raison est en outre l'amie naturelle de la foi comme la fortement rappelé Benoît XIV lors des dernières audiences générales de 2009. En ce qui me concerne, ma raison est même la meilleure alliée de ma foi.

    Par contre la connaissance de Dieu est singulière. En effet, je suis d'accord avec vous, la connaissance par forcément de l'observation sensible d'un phénomène pour arriver à une abstraction, à une image mentale et ensuite à une compréhension de ce phénomène. Or, là aussi je vous rejoins, Dieu est au-delà du sensible. Dans le livre de l'exode on trouve : "Nul ne peut voir Dieu sans mourir" et dans l'évangile de Jean "Personne n'a jamais vu Dieu". Mais comme je l'ai dit plus haut je crois que Dieu est l'auteur du sensible. Et ainsi, il est possible d'avoir une connaissance sur Dieu, grâce à l'utilisation de l'analogie.

    Voilà ce que j'entends par analogie : On sait que X entretient une relation avec T ; on sait aussi que X entretient avec T une relation qui est équivalente à celle de Y et de Z. On écrit Y/Z = X/T. Ainsi sans connaître directement X on peut dire de lui quelque chose qui puisse se
    vérifier, puisque l'on a connaissance directe et assurée de Y, Z et T et de la nature du
    rapport entre les termes deux à deux. C'est ainsi que l'analogie peut servir de moyen de connaissance pour Dieu. On ne sait pas directement qui est Dieu, mais on sait qu'il entretient une relation à ce qui est objet de connaissance. A partir de cela il y a une possibilité de connaissance.

    Qu'en pensez-vous ? Si pour reprendre une analogie que j'ai utilisé plus haut X = Dieu, T = la création, la nature, Y = un écrivain et Z = son œuvre littéraire, ne pouvez-vous pas, rien qu'en utilisant votre raison et la connaissance que vous avez de la relation entre un écrivain et son œuvre déduire des choses sur Dieu ? Pour aller plus loin, on peut même utiliser X = Dieu, T = la création, la nature, Y = vous, Antoine et Z = votre blog, pouvez-vous dire des choses sur Dieu ?

    Dans l'attente de vous lire,

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  5. Cher Ludovic,

    Je vous remercie de votre réponse rapide, contrairement à la mienne qui avait beaucoup trainé. Tout d'abord, je dois avouer que cela me fait plaisir d'avoir enfin trouvé un croyant qui soit ouvert au débat et qui ne se referme pas comme une huître dès que l'on ose mettre en doute sa foi. D'après mon expérience (faible, j'en conviens), vous êtes un cas unique!

    Pour en revenir au sujet, concernant le surnaturel, nous avons exactement la même vision du mot en réalité. Dire que Dieu est "au delà de la nature" est le sens même du mot métaphysique, que j'ai utilisé dans mon raisonnement comme synonyme de surnaturel.

    La réelle différence entre nos points de vue tient dans le fait que vous avez admis l'hypothèse "Dieu", ce que je n'ai pas fait. En considérant que la nature est sa création, il est bien évident que l'on peut alors obtenir des informations sur Dieu en raisonnant, comme vous l'avez si bien dit, par analogie avec un écrivain et son oeuvre. Mais n'ayant dans mon raisonnement pas admis cette hypothèse, je ne peux recevoir que du naturel de la nature et ainsi je ne peux accéder à la marque de Dieu sur cette nature.
    J'utiliserai un exemple simple voire simpliste mais qui permet de clarifier mon propos.
    Vous croyez avoir entendu le moteur d'une Porsche dans la nuit. En vous levant le matin, vous voyez des marques de pneus. Vous en concluez que la Porsche les a laissé là. Moi, je dormai avec des boules Quies. Je ne vois que des marques de pneus et ne peut rien en conclure de plus.

    Mais continuons.

    Dire que Dieu est incréé, vous amène à son existence grâce à l'argument dit de la cause première: Dieu est l'élément qui est la cause de tous les phénomènes qui ont eu lieu dans l'univers. Savoir si ce Dieu est celui que l'on nous décrit dans les livres est un tout autre sujet, mais l'argument de la cause première en lui même ne me satisfait pas.

    Contrairement à vous, j'ai tendance à croire que c'est l'univers lui-même qui est incréé et j'ai à mes côtés la loi de conservation de la masse et de l'énergie (peu importe, on sait grâce à Einstein que les deux sont interchangeables). La quantité d'énergie restant constante dans l'univers, il n'y a pas de création à proprement parler, simplement des changements. Reste toutefois le problème de ce qui aurait pu déclencher ces changements, ce que je vais traiter maintenant.

    Recourir à une cause première est, à mon sens, assez anthropocentrique. C'est supposer que l'univers a eu un début. Mais étant donné que l'univers est fort probablement infini dans l'espace, ne pourrait-on pas en dire autant de son étendue dans le temps? C'est plus problématique car on a l'habitude de voir le temps s'écouler alors que l'espace n'a pas de sens privilégié mais cela n'aurait rien de totalement farfelu.
    Mettre en avant la théorie du Big Bang n'est pas non plus d'un grand secours. Le Big Bang est la génération, non seulement de l'espace mais aussi, et c'est le point qui va nous intéresser, du temps. On ne peut donc pas parler d'un avant le Big Bang, ni même de lien de causalité à ce niveau.

    La différence de nos points de vue tient donc tout simplement à la foi que vous avez et que je ne partage pas. Comme vous le dites, vous croyez en Dieu tandis que je parle de connaissance de Dieu.

    Voilà un peu ce que je pouvais dire là dessus.

    Cordialement,

    Antoine

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  6. Cher Antoine,

    Je vous rassure, je ne suis pas un cas unique. Il y a même de très nombreux croyants comme moi. C'est le cas de tout les croyants qui essaient de

    comprendre ce en quoi ils croient pour vivre leur foi en vérité.

    Votre réponse est très intéressante. Vous croyez l'univers a toujours existé. Vous croyez donc que l'univers est divin si l'on utilise ma

    caractéristique de dieu à savoir "ce qui est incréé", divin étant l'adjectif qui se rapporte à une chose ayant pour caractéristique d'être

    incréé. Ici, je vous demande de faire abstraction de ce que vous avez pu coller derrière le mot "dieu" dans votre imaginaire. Nous le faisons

    tous et je dois avouer que le dieu auquel je crois maintenant est bien différent de celui auquel je croyais étant enfant et pourtant je n'ai

    jamais changé de religion. D'ailleurs, dans la suite de notre conversion je n'utiliserais plus le mot "dieu" car ce mot est trop galvaudé. Il

    embarque trop de chose avec lui. Quand on demandait à Einstein s'il croyait en dieu, il répondait : "Qu'entendez-vous par là ?". D'où

    l'importance de ma première intervention. Si on entend dieu comme "chose incréée" et pas autre chose, et divin comme l'adjectif qui se rapporte

    au nom commun dieu, vous croyez que l'univers est divin. Je ne suis pas d'accord avec vous, je ne crois pas que l'univers soit divin, mais au

    moins vous croyez en la notion de divinité, à condition de savoir de quoi on parle quand on parle de dieu.


    Donc quel mot vais-je utiliser à la place du mot "dieu" ? Une sorte de mot à rallonge : "chose_incréée", "chose_qui_existe_depuis_toujours",

    "ce_qui_est_en_verite_puisque_existant_depuis_toujours" ? Cela éviterait le recours à notre imaginaire qui survient lorsque nous disons "dieu",

    mais cela risque d'être un peu long. Quel mot utiliser ? Sachant de quoi nous parlons tous deux, je pourrais raccourcir à "ce_qui_est",

    expression que les hébreux notent IHVH. Autant utiliser une expression déjà utilisée par d'autres. Avec vous, j'emploirais l'expression IHVH pour

    désigner "ce_qui_est". Par respect pour les hébreux qui ne prononce pas ce mot, je le noterai entre crochets.

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  7. Enfin, [IHVH] (être incréé) ne signifie pas que [IHVH] est la cause de tous les phénomènes qui ont eu lieu dans l'univers. Personnellement, je ne

    le crois pas, car je crois que nous sommes libres de nos actes. Nos actes ne viennent que de nous seuls, et nos actes sont donc des causes qui ne

    viennent pas de [IHVH]. Quant à la loi de conservation de la masse et de l'énergie, elle n'est pas contraire à la création ! C'est juste que nous

    n'entendons pas création de la même façon. Je vais écrire ici le début du premier récit de la création, et je vous laisse juge. Avant d'écrire ce

    récit, je vous livre un avertissement. Je considère, comme la majorité des croyants, ce récit comme un mythe, ou une fable. Mais les fables

    comportent toutes leur part de vérité. Pronons les fables de La Fontaine par exemple, sont-elles vraies ou pas ? Elles mettent en scène des

    animaux qui parlent, ce qui est faux, mais leur enseignement n'est-il pas vrai ? C'est dans cet état d'esprit que je lis et que je parle des

    mythes de la création.

    Pour avoir un propos le plus précis possible, j'utilise deux traductions. La première traduction est celle dite de "la bible de Jérusalem". C'est

    une traduction parmi les plus utilisées. Je la complète ensuite par la traduction d'André Chouraqui. Cette dernière traduction est difficile à

    comprendre par une lecture simple (d'où l'utilisation de la bible de Jérusalem en premier lieu) car c'est une traduction quasi mot à mot du texte

    hébreux original dans laquelle le traducteur invente même des mots ou des expressions pour calquer le plus possible à la pensée sémite.

    L'avantage est quelle est très proche de ce texte original.

    Genèse 1, 1-5 Bible de Jérusalem :
    Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme et un vent de Dieu agitait la

    surface des eaux. Dieu dit : "Que la lumière soit" et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des

    ténèbres. Dieu appela la lumière "jour" et les ténèbres "nuit". Il y eut un soir et il y eut un matin : premier jour."

    Genèse 1, 1-5 Bible Chouraqui :
    Entête Elohîms créait les ciels et la terre, la terre était tohu-et-bohu, une ténèbre sur les faces de l'abîme, mais le souffle d'Elohîms planait

    sur les faces des eaux. Elohîms dit : "Une lumièse sera." Et c'est une lumière. Elohîms voit la lumière : quel bien ! Elohîms sépare la lumière

    de la ténèbre. Elohîms crie à la lumière : "Jour." A la ténèbre il avait crié : "Nuit." Et c'est un soir et c'est un matin : jour un.

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  8. Le texte est génial car par une simple phrase il arrive en rendre compte du fait que l'univers est création de [IHVH] et pourtant la création n'a pas encore commencée puisque le premier jour n'a pas encore eu lieu. Pourtant l'univers est là. LA création va surtout consister à

    transformer le jet premier de [IHVH]. Au départ, tout est là, sauf que tout est mélangé ("la terre était tohu-et-bohu"). L'action de [IHVH] consiste à

    démélanger le tout. En effet, [IHVH] crée en séparant, en ordonnant ce qui existe déjà. ("Elohîms sépare la lumière de la ténèbre").

    Nous retrouvons ceci le deuxième jour.

    Genèse 1, 6-8 Bible de Jérusalem :
    "Dieu dit : "Qu'il y ait un firmamant au milieu des eaux et qu'il sépare les eaux d'avec les eaux" et il en fut ainsi. Dieu fit le firmament, qui

    sépara les eaux qui sont sous le firmament d'avec les eaux qui sont au-dessus du firmament, et Dieu appela le firmament "ciel". Il y eut un soir

    et il y eut un matin : deuxième jour.

    Génèse 1, 6-8 Bible Chouraqui :
    Elohîms dit : "Un plafond sera au milieu des eaux : il est pour séparer entre les eaux et entre les eaux." Elohîms fait le plafond. Il sépare les

    eaux sous le plafond des eaux sur le plafond. Et c'est ainsi. Elohîms crie au plafond : "Ciels." Et c'est un soir et c'est un matin : jour

    deuxième.

    Pour moi, la création n'est pas tant une chose en plus à côté de [IHVH] , de ce qui est, de ce qui est depuis toujours, qu'un

    processus dans lequel [IHVH], ce qui est, ce qui est depuis toujours, laisse une place à autre chose que lui pour exister (la création avant le premier jour), place qu'il ordonne par la suite. Cette vision de la création n'est pas en contradiction avec les lois de la conservation de la masse et de l'énergie et peut-être même autre chose...

    Qu'en pensez-vous ?

    Cordialement,

    Ludovic

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  9. Cher Ludovic,

    Appeler l'incréé Dieu ou le qualifier de divin n'a été que l'artifice de certains philosophes et théologiens lorsqu'ils ont mis en place l'argument de la cause première, ceci afin de se donner une légitimité: du "Dieu" ainsi défini au Dieu biblique, la distance paraissait moins énorme qu'elle ne l'est réellement. Le prosélytisme pouvait ainsi se faire plus aisément.

    Et c'est là le point qui nous sépare. Si j'admets l'existence de l'incréé, je ne lui attribue pas de possibilité d'action, ni même de nom particulier comme cela est fait dans les textes que vous m'avez cités.

    Alors bien sûr, comme vous l'avez précisé, ces textes peuvent être pris comme de simples paraboles. Mais pourquoi ceux-là plutôt que d'autres? Ne puis-je pas me baser sur les contes de Tolkien, par exemple, pour en tirer un récit de la "création" (mot qui est encore une fois lourd de sens et cependant très faible objectivement)? Bon nombre de mythes présentent différentes "créations" en fonction des cultures. Celle que vous reproduisez n'en est que la version biblique.

    Ce que vous nommez la "création", d'après les extraits que vous reproduisez, n'est en quelque sorte que la "mise en forme" de choses existantes. En cela elle semble effectivement respecter les lois de conservation physiques. Ce qui me gène est que cette mise en forme soit imputée à un élément particulier que l'on nomme et auquel on donne possibilité d'action.

    C'est pour cela que si je suis agnostique vis-à-vis du surnaturel comme je l'ai démontré précédemment, je suis totalement athée. Passer de l'incréé ou du surnaturel (duquel je n'ai aucune information) au Dieu décrit dans les textes religieux ne m'est tout simplement pas possible à partir des éléments à ma disposition. Pourquoi donner une volonté ou ne serait-ce qu'un moyen d'action à l'incréé?

    Voilà mon sentiment. En revanche, je serais heureux de savoir comment vous conjuguez votre vision de Dieu "l'incréé" au Dieu que vous priez et qui est décrit dans les textes. En d'autres termes comment vous passez de la métaphysique, qui ne nous a pas amené plus loin que le fait qu'il existe quelque chose d'incrééé, à la religion.

    Désolé pour le retard, ma semaine s'est avérée assez chargée.

    Cordialement,

    Antoine

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  10. Bonjour Antoine,

    D'abord pour répondre à "Pourquoi donner une volonté ou ne serait-ce qu'un moyen d'action à l'incréé?" Parce que vous même vous avez une volonté et des moyens d'action. Et donc ces facultés sont, ne serait-ce qu'à l'état de potentialité, depuis toujours (la loi de la conservation et tout le toutim : il n'y a pas de création in abstracto).

    Je suis très heureux que vous me posiez la question "comment vous conjuguez votre vision de Dieu "l'incréé" au Dieu que vous priez et qui est décrit dans les textes ?" Si vous le voulez bien, je vais vous dire comment je suis passé du dieu que je prie à la conviction qu'il s'agit de l'incréé car cela correspond à mon cheminement personnel.

    Le cheminent a été long pour moi, c'est le résultat de plusieurs années de travail, de prière, de méditation et de réflexion. Aussi je ne vais pas pouvoir vous répondre d'un seul coup. Mais je vais le faire avec vous petit à petit, si vous le voulez bien et vous orienterez le débat selon vos remarques.

    Pour commencer, je ne sais pas si vous connaissez la série télévisée Columbo. J'aime beaucoup Columbo. C'est un lieutenant de police qui trouve la vérité parce qu'il s'est intéressé à des petits détails insignifiants que personne ne remarque ou alors que tout le monde juge ne rien avoir avec l'affaire et pourtant ce sont ces petits détails qui lui font deviner la vérité. Pour moi, c'est pareil, ce sont des petits détails de rien de tout qui me permette de me forger ma conviction. Pas de grand récit de miracle pour forger ma conviction, pas de grands faits historiques, non juste des petits détails. Lorsque Columbo trouve un détail, il demande à celui qu'il suspecte de lui en donner une explication possible qui prouverait qu'il fait fausse route.

    Le premier détail qui me questionne est le suivant : "Pourquoi l'état d'Israël ne reconstruit pas le Temple de Jérusalem ?" Le temple de Jérusalem a été détruit en l'an 70 et jamais reconstruit. Jusqu'à récemment, cela a été difficile aux juifs de le rebâtir puisqu'il n'y avait pas d'état juif. Or depuis environ un demi-siècle, les juifs ont toute l'autorité, toute la légitimité pour rebâtir le Temple de Jérusalem. Pourtant, ils ne le font pas. Les Israélites les plus extrémistes rêvent de rebâtir le grand Israël du roi David, mais personne ne souhaite rebâtir le Temple. C'est très curieux, c'est même troublant. Les Israélistes extrémistes justifient leur colonisation parce que soi-disant "Dieu est avec eux." Mais, ils ne font pas la première chose, rebâtir la demeure de Dieu pour qu'Il soit parmi eux. Pourquoi ? Voilà le premier détail qui me trouble.

    Si vous avez une explication pour répondre à cette question, je suis heureux de la prendre. Là il faut que je m'arrête, mais je vous donnerais les jours prochains d'autres petits détails dont l'explication m'aide à forger ma conviction.

    Cordialement,

    Ludovic

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  11. Cher Antoine,

    Laissons pour le moment ce premier détail de côté. Nous y reviendrons plus tard car il y a bien une explication possible, mais elle n’est vraiment compréhensible quand d’autres pièces du puzzle sont déjà agencées.

    Le second détail qui pose question est la vie d’un certain Saül qui est né aux alentours de l’an 9. Saül était un juif très pratiquant. Lorsque la « secte » des chrétiens a commencé à prendre son essor, il s’est fait un devoir de contribuer à sa suppression pour obéir à son Dieu. Saül n’était pas seulement quelqu’un qui aurait préférer voir les chrétiens disparaître, il participait activement à leur arrestation, à leur persécution, à leur torture et à leur mise à mort.

    Si nous retrouvons Saül à la fin de sa vie, cet homme ne s’appelle plus Saül mais Paul. Il s’agit du grand Saint Paul, un pilier du christianisme. Nous nous retrouvons donc face à cette énigme de l’histoire : comment cet homme qui persécutait les chrétiens a terminé par être ce pilier pour les chrétiens qu’est Saint Paul ? Oh, ce n’est pas la grande histoire, mais n’empêche cette question existe et dans une démarche rationnelle honnête il convient de tenter d’y apporter une réponse.

    Cordialement,

    Ludovic

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  12. Cher Antoine,

    Revenons si vous le voulez bien, sur cette énigme qu’est le renversement de valeurs opérées par Saint Paul. Plutôt que de faire des supputations hasardeuses, partons des documents que l’historien a en sa possession. Nous avons un document qui rapporte une explication de Saint Paul de lui-même que le pourquoi de sa conversion. Je vous livre ce document dans la traduction utilisée pour la liturgie romaine francophone :

    Paul, menacé de mort par les Juifs de Jérusalem, leur parlait ainsi « Je suis Juif : né à Tarse, en Cilicie, mais élevé ici dans cette ville, j’ai reçu, à l’école de Gamaliel, un enseignement strictement conforme à la Loi de nos pères ; je défendais la cause de Dieu avec une ardeur jalouse comme vous le faites tous aujourd’hui. J’ai persécuté à mort les adeptes de cette doctrine : je les arrêtais et les jetais en prison, hommes et femmes ; le grand prêtre et tout le conseil des Anciens peuvent en témoigner. Eux-mêmes m’avaient donné des lettres pour nos frères et j’étais en route vers Damas ; je devais faire prisonniers ceux qui étaient là-bas, et les ramener à Jérusalem pour qu’ils subissent leur châtiment
    Donc, comme j’étais en route et que j’approchais de Damas, vers midi, une grande lumière venant du ciel m’enveloppa soudain. Je tombai sur le sol, et j’entendis une voix qui me disait : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? » Et moi je répondis : « Qui es-tu, Seigneur ? » « Je suis Jésus le Nazaréen, celui que tu persécutes. » Mes compagnons voyaient la lumière, mais ils n’entendaient pas la voix de celui qui me parlait, et je dis : « Que dois-je faire, Seigneur ? » Le Seigneur me répondit : « Relève-toi, va jusqu’à Damas, et là on t’indiquera tout ce qu’il t’est prescrit de faire. » Comme je n’y voyait plus, à cause de l’éclat de cette lumière, mes compagnons me prirent par la main, et c’est ainsi que j’arrivai à Damas. Or, Ananie, un homme religieux et fidèle à la Loi, estimé de tous les Juifs habitant la ville, vint me trouver et, arrivé auprès de moi, il me dit : « Saul, mon frère, retrouve la vue. » Et moi, au même instant, je retrouvai la vue, et je le vis. Il me dit encore : « Le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté, à voir celui qui est le Juste et à entendre la parole qui sort de sa bouche. Car tu seras pour lui, devant tous les hommes, le témoin de ce que tu as vu et entendu. Et maintenant, pourquoi hésiter ? Lève-toi et reçois le baptême, sois lavé de tes péchés en invoquant le nom de Jésus. » (Actes des Apôtres, 22, 3-16)

    Maintenant, nous trouvons face à la situation suivante : de deux choses l’une, soit ce qui est relaté dans ce texte est faux, soit c’est vrai.

    Si c’est faux, pourquoi Saint Paul aurait-il inventé tout cela ? Dans quel but ? Il était du « bon côté », je veux dire du côté où on était honoré, respecté. Il menait une vie de notable reconnu par tous pour la noble cause qu’il poursuivait. Si c’est faux, cela signifie que Saint Paul aurait inventé une histoire abracadabrantesque pour passé… du « mauvais côté », du côté, où on était persécuté, déshonoré, mis en prison et tué. C’est d’ailleurs comme cela qu’il termina sa vie. On ne peut donc pas dire qu’il a retourné sa veste pour rester toujours du « bon côté ». Pourquoi, lui qui avait-tout pour être heureux, aurait-il opérer un tel renversement dans sa vie ? La seule explication possible pour moi, c’est que cette histoire est vraie. Elle est vraie pour moi, car je ne trouve aucune raison valable qui pourrait expliquer pourquoi cette histoire a été inventée de toute pièce.

    Donc, cher Antoine, à moins que vous me donniez une bonne raison qui pourrait expliquer pourquoi une telle histoire peut-être fausse, je continuerais avec vous en considérant que cette histoire est vraie.

    Mais avant de continuer, pour être sûr que je ne parle pas dans le vide, j’attends un retour de votre part, ne serait-ce qu’un « oui, je suis là, je continue de lire » ou autre chose de plus développé selon ce que vous souhaitez dire.

    Cordialement,

    Ludovic

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  13. Cher Ludovic,

    Désolé pour tout ce délai mais mes semaines sont très chargées en ce moment et le débat qui nous concerne ici ne peut être traité sans un minimum de réflexion et nécessite donc du temps.

    Concernant le temple de Jérusalem, comme vous l'avez dit, nous pourrons y revenir plus tard. Je me contenterai ici de mentionner que l'idée de l'état d'Israël donné par Dieu n'est comme vous l'avez vous même que la justification de la colonisation par les extrémistes. Et fort heureusement, ces extrémistes, même s'ils sont relativement nombreux en Israël, ne sont pas forcément ceux qui possèdent les crédits et le pouvoir nécessaires pour la reconstruction du temple.

    Concernant St Paul, pourquoi forcément se limiter à deux possibilités, vrai ou faux?
    Que penser de ceci: Paul aurait vraiment vécu cette expérience mais elle n'aurait pas forcément été réelle. On peut parler d'hallucination, de rêve ou de tout autre type de sensation qui peut être une manifestation incomprise de notre cerveau.

    De même, rien n'empêche de "romancer" cette manifestation dans son écriture par pur prosélytisme: à ses débuts, le christianisme qui n'était qu'une secte avait bien évidemment besoin d'adeptes pour grandir et devait donc convaincre le plus grand monde.

    Concernant ce revirement d'une position élevée dans la société à une position persécutée, les cas ne sont pas si rares dans l'histoire de l'humanité. On peut penser aux personnes qui cachaient et aidaient des juifs chez eux durant la seconde guerre mondiale alors qu'ils y risquaient leur vie.

    Ainsi, de mon point de vue, l'expérience de St Paul peut s'interpréter comme un simple changement d'opinion, pour des raisons inconnues, peut-être s'est-il rendu compte que les gens mêmes qu'il opprimait étaient des humains comme lui. Il est possible que son récit parte d'une base concrète comme nous pouvons en avoir l'expérience tous les jours (rêve, événement incompréhensible, illusion...) et qu'il ait été amélioré à des fins de prosélytisme qui était nécessaire à l'époque pour le christianisme naissant. D'ailleurs quelles preuves avons-nous que ce récit est autographe et qu'il n'a pas été modifié au fur et à mesure par les différents copistes chrétiens (il est nécessaire de le préciser comme vous le faites d'ailleurs en précisant que ce texte fait partie de la liturgie) qui l'ont porté jusqu'à nous?

    Voilà mon point de vue sur les idées que vous m'avez soumises. J'ajouterai que se servir de textes religieux ou issus de la religion pour la justifier me semble assez galvaudé dans le sens ou la conclusion est alors déjà contenue dans la prémisse.

    Une nouvelle fois, désolé pour le temps mis à répondre...

    Cordialement,

    Antoine

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  14. Cher Antoine,

    Tout d’abord, merci pour votre réflexion. Vous avez raison de prendre votre temps pour répondre. Moi-même, ne suis pas toujours forcément disponible.

    Je dirais ne me faites pas dire ce que je n’ai dit. Je n’ai jamais émis l’hypothèse que la vision de Saint Paul ne pouvait pas être un phénomène inexpliquée du cerveau. J’ai juste dit que Saint Paul a dit avoir vécu une telle vision et qu’au vue de la façon dont il a mené sa vie par la suite je considère qu’il a effectivement vécu cette vision. Vous en convenez d’ailleurs vous aussi. Je n’ai rien dit de plus.

    Ensuite, je n’ai jamais dit que le fait de tout abandonner pour risquer sa vie avait été l’exclusivité de Saint Paul. Comme vous le dites fort justement, les exemples sont –hélas et à la fois heureusement – nombreux. Ce que nous pouvons dire, c’est que ces personnes croyaient fermement aux valeurs qu’elles défendaient. Donc, Saint Paul a eu une vision – manifestation inexpliquée du cerveau ou autre - mais cette vision – quelle que soit sa nature qui finalement importe peu - lui a semblé être suffisamment porteuse de vérité pour qu’il y accepte de mourir pour cette vérité.

    Maintenant, je ne crois pas qu’on puisse dire que Saint Paul a agit comme il a agit par pitié pour les chrétiens. En effet, s’il s’était dit que les chrétiens étaient des hommes comme lui, il aurait certes démissionné de ses fonctions, mais ils auraient fait en sorte de cacher les chrétiens (comme on a pu cacher les juifs pendant la guerre comme vous le dites justement). Or là, il s’est affiché au grand jour et a poussé les chrétiens à agir au grand jour. Certes, en agissant au grand jour ils allaient mourir, mais ce serait là un témoignage – c’est d’ailleurs le sens du mot martyr qui signifie témoin -. C’est ce témoignage que j’utilise comme argument avec vous.

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  15. Car Saint Paul n’a pas été seul a agir de la sorte, à savoir risquer et même donner sa vie sur une rencontre faite sur un mode différent des rencontres habituelles . Le nombre de gens qui disent avoir rencontré ce Jésus le Nazaréen après sa mort et qui sont morts pour ne pas avoir dit que finalement il avait inventé cette vision sont nombreux. C’était d’ailleurs ce que disaient certains des chrétiens que Saül persécutait. Parmi les gens persécutés, il n’y a avait pas que des gens qui avaient entendus dire qu’un certain Jésus vivait même après qu’il soit mort, mais il y avait des gens qui ont rencontrés ce Jésus même après qu’il soit mort. C’est d’ailleurs cela que la résurrection de Jésus se manifeste pour les chrétiens et pas autrement. La manifestation de la résurrection de Jésus est le fait que des hommes ont rencontré personnellement Jésus bien qu’il ait été tué. Tous ces gens ont-ils inventé cela de toute pièce ? Je ne le crois pas, pour les mêmes raisons que je crois à la rencontre qu’a vécu Saint Paul. Ils sont morts car ce qu’ils ont vécu, ils l’ont vraiment vécu sinon leur attitude est inexplicable. On ne donne pas sa vie pour une cause dont on croit qu’elle est fausse. Or là, c’est encore plus qu’une croyance pour ces gens-là : c’est une expérience vécue. On ne donne pas sa vie pour un mensonge qu’on aurait soi-même inventé. Quand on ment, c’est qu’on a un intérêt à mentir. La contraposée est : si on fait quelque chose volontairement et que cela nous nuit, c’est qu’à nos yeux c’est la vérité. Plusieurs centaines de gens sont morts pour avoir dit qu’ils ont rencontrés personnellement Jésus après sa mort. Cette rencontre ne peut qu’avoir eu lieu.

    Tout le monde conçoit, moi le premier, qu’admettre cela est difficile. Ce doute est normal. Il est même sain, cela évite à ceux qui ont la foi que celle-ci ne dégénère en crédulité ou en superstition. Ce doute est incarné en quelque sorte dans la personne de Saint Thomas. Saint Thomas disait aux autres Apôtres qui disaient avoir vu Jésus après sa mort, que s’il ne le touchait pas, s’il ne mettait pas la main dans la marque des clous, il ne croirait pas. Alors Jésus est venu pour que Saint Thomas mette ses mains dans la marque laissée par les clous. A celui qui doute parce qu’il est un chercheur de vérité, Jésus ne se refuse pas, à celui qui doute parce qu’il est un chercheur de vérité Jésus ne fait pas la morale, à celui qui doute parce qu’il est un chercheur de vérité Jésus se montre, car Jésus, vrai homme, comprend le doute. Vous qui avez un esprit scientifique, je vous invite à taper « lanciano » sur Google.

    Cordialement,

    Ludovic

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  16. Cher Ludovic,

    Il est bien évident que mourir pour une cause nécessite que l'on croie cette cause juste. Cependant, il s'agit d'un avis personnel: une cause est juste ou vraie à mes yeux, cela ne signifie pas pour autant qu'elle le soit objectivement.
    Pour prendre un exemple extrême, des suicides collectifs ont eu lieu dans des sectes et des personnes se font sauter pour une cause qu'ils défendent. L'homme peut se tromper. Plusieurs hommes peuvent toujours être dans l'erreur et un groupe nombreux ne signifie pas forcément un groupe détenant la vérité. Ainsi le fait que plusieurs personnes se soient converties au christianisme ne peut avoir une quelconque valeur quant à déterminer la vérité de ces idées.

    Comme vous me l'avez conseillé, j'ai regardé Lanciano sur Google. Malheureusement, tous les sites référant au miracle étaient ouvertement chrétien ce qui me laisse un doute sur leur objectivité. Quoiqu'il en soit j'ai d'autres réserves à exprimer.
    En admettant qu'il n'y ait eu aucune falsification dans les résultats scientifiques obtenus (j'ai toujours appris à regarder qui avait commandé les études scientifiques avant de regarder les résultats eux-mêmes. Cela m'a évité bon nombre de désillusions vis-à-vis du tabac ou du pétrole par exemple) tout ce que nous avons ici est un morceau de viande humaine et un échantillon de sang qui semblent étrangers aux lois de la nature dans le sens où ils ne semblent pas atteints par un quelconque vieillissement. Je ne chercherai pas à contester cela car je ne connais pas les données du problème et j'admets que la science ne peut tout expliquer à l'heure actuelle.
    La question qui me préoccupe ici est, où est le lien avec Jésus? N'y vois-t-on pas un lien uniquement parce qu'on a parlé de Jésus, que l'on a étudié Jésus? Un juif découvrant ce phénomène n'y aurait-il pas vu autre chose? Encore une fois, en partant de l'hypothèse "Jésus", y voir une preuve de son existence et de sa divinité est évident. Dans mon cas, le lien ne se fait pas forcément puisque je n'admet pas a priori la vérité contenue dans les Evangiles.
    Mais même d'un point de vue chrétien, que peut-on tirer de ce phénomène? Ne pourrait-il pas s'agir d'une oeuvre diabolique destinée à écarter les croyants et les amener à révérer un objet matériel plutôt que Dieu?

    Il s'agit là bien évidemment d'expériences de pensée sans importance mais elles ont au moins l'avantage de montrer que la foi et la raison sont deux choses profondément différentes. La raison se fonde sur des liens logiques tandis que le dogme, comme son nom l'indique, est une croyance et nécessite d'admettre un principe sans pouvoir le prouver.

    Voilà, assez succinctement je l'avoue car le temps me manque cruellement, ma façon de voir les éléments que vous m'avez apporté.

    Cordialement,

    Antoine

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  17. Cher Antoine,

    Tout repose sur une croyance. Toute théorie est une suite de démonstration mais qui part d'un postulat, soit un énoncé qu'on considère comme vrai sans qu'on l'ai démontré. Par exemple, les mathématiques classiques reposent sur le postulat que exp(x) = Somme pour n allant de 0 à l'infini de (x^n / n!) (Je m'y connais un peu en maths, c'est vrai que j'ai oublié beaucoup de choses, mais une math sup et une math spé laissent toujours des séquelles).

    Je suis d'accord avec vous, ce n'est pas le nombre de personne qui croient en une chose qui font sa valeur. Ce qui fait la valeur de ce que les premiers chrétiens ont dit c'est qu'ils en sont morts, qu'ils n'avaient aucun intérêt de le dire. Mais je suis d'accord avec vous ce n'est pas une preuve. C'est juste un petit détail supplémentaire de l'histoire. Le comportement des premiers chrétiens est différent d'un suicide collectif : en effet, ils ne se sont pas suicidés, on les a tué.

    Le miracle de Lanciano n'a pas pour but de prouver les mystères chrétiens (l'Eglise est d'ailleurs plus ouverte que vous ne pouvez l'imaginer : l'adhésion aux miracles n'est pas "obligatoire", c-a-d ce n'est pas une condition obligatoire pour faire partie de l'Eglise). Je vais d'ailleurs vous faire un aveu, je suis au courant de ce "miracle" depuis trois semaines seulement. Pour moi, le but de ce "miracle" est juste de rendre humble le scientifique. Et par la même occasion, c'est encore un détail de l'histoire à prendre en considération.

    Je vais continuer à vous livrer d'autres détails pour vous expliquer comment je suis passé du Dieu que je prie au Dieu incréé.

    Cordialement,

    Ludovic

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  18. Cher Antoine,

    Pour reprendre le fil des détails qui me posent question :
    1) Un dénommé Saul a eu une vision d’un certain Jésus après sa mort. Il a suffisamment cru à cette vision pour devenir le monument qu’est Saint Paul, souffrir et mourir à cause d’elle.
    2) Avant Saul, d’autres personnes ont dit avoir rencontré ce Jésus après sa mort. Toutes ces personnes n’ont eu aucun intérêt à avoir inventé cette histoire puisqu’à cause d’elle certaines ont été torturées et tuées.
    3) Détails annexes :
    a. L’Eglise catholique a en sa possession un morceau de chair humaine et des caillots de sang humain qui se conservent à la lumière et à l’air libre sans aucun élément conservateur. Ce phénomène est constaté mais non expliqué par la science à ce jour. A plus forte raison, la science ne sait dire comment produire une telle chair et un tel sang.
    b. Il n’y a pas de projet pour reconstruire le Temple de Jérusalem.
    Oublions les détails annexes et reprenons le fil des deux premiers détails. Intéressons- nous à ce que nous savons de ce Jésus que certains ont dit, au prix de leur vie, avoir rencontré après sa mort.
    Finalement, on ne sait que très peu de chose de ce Jésus. Il s’agissait d’un rabbin itinérant entouré d’un groupe d’adeptes comme il y en avait beaucoup à cette époque. Epoque trouble en Palestine. Avant de continuer, je vais essayer de vous décrire le climat politique de cette région en procédant à une analogie avec le régime de la France de Vichy.
    La Palestine (= la France de Vichy) est occupée par les Romains (= les Allemands nazis). Cependant la Palestine (comme la France de Vichy) jouit d’une certaine autonomie car les instances politiques et religieuses sont sous contrôle de l’occupant.
    L’occupé est divisé en plusieurs courants politico-religieux (à l’époque politique et religieux sont étroitement mêlé).
    Le courant des sadducéens (= les collabos), la classe sacerdotale fait parti de ce courant. Le grand prêtre (=Pétain), le chef de file de la classe sacerdotale, est nommé par l’empereur de Rome (=Hitler). Le grand prêtre exerce le pouvoir religieux, le pouvoir politique est laissé à Hérode (=Pétain également) laissé en place par le bon vouloir de l’empereur. Avec les saduccéens, on trouve le groupe des publicains (= la milice), occupés chargés de récolter l’impôt des occupés pour le compte de l’occupant. Une sorte d’autre impôt –privilège accordé à la classe sacerdotale - constitué par les offrandes faites au Temple tombe dans les mains des prêtres du Temple. Parmi les adeptes de Jésus se trouvait au moins un publicain (l’apôtre Mathieu).
    Le courant des pharisiens (= la majorité des français de la France occupée). Ils souhaitent ardemment et vivement la fin de l’occupation. Mais ils ne font pas de vague, ils espèrent juste que quelqu’un fera ces vagues pour eux. Ils s’en remettent complètement à leur Dieu qui doit leur donner ce faiseur de vague victorieux promis par Dieu : le Messie. La majorité des adeptes de Jésus, sans être explicitement membre du parti des pharisiens –pas assez éduqué pour cela-, était dans cette mouvance : des humbles juifs pratiquant dans l’attente messianique.
    Le courant des zélotes (= la résistance active). Ils organisent des attentats et des actions terroristes à l’encontre des Romains. Les chefs zélotes prenaient des noms pompeux comme Bar Korba (Fils de l’Etoile) ou Bar Abbas (Fils du Père). Parmi les adeptes de Jésus se trouvaient des zélotes : on parle d’un certain Simon le Zélote et Juda, celui qui le livra, était probablement un zélote.
    Je dois m’arrêter pour aujourd’hui. Je vais continuer pour vous indiquer où se trouve des détails troublants, mais déjà vous pouvez en tirer par vous-même avec ce que je viens de vous dire.

    Cordialement,

    Ludovic

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  19. Cher Antoine,

    Reprenons un peu ce que nous savons sur ce Jésus que certains ont fit avoir rencontré après sa mort. Pour dire la vérité, nous ne savons presque rien sur lui. C’est ce qu’on appelle le mystère de la vie cachée de Jésus. Même sur ces enseignements, nous savons peu de choses. Personnellement, ça me fait rire, les gens qui disent : « Moi, je ne crois pas en Jésus en tant que Fils de Dieu etc…, mais j’admire le philosophe qui rejoint les grands philosophes de l’humanité à l’image de Bouddha ou de Socrate. » J’ai envie de dire à ces gens : quelle est l’œuvre de Jésus que vous préférez ? Nous n’avons aucun écrit signé par ce Jésus, juste des témoignages. Et ces témoignages ont souvent la forme suivante : « Jésus enseignait (mais quoi ? on ne sait pas). Quand arriva une femme (ou quelqu’un d’autre) etc… (et là nous avons une anecdote). »
    Les historiens estiment que Jésus a au une vie publique de rabbin itinérant pendant un an à dix-huit mois seulement, deux ans maximum. Ce qui est peu. Sa vie fut brève aussi puisqu’elle a duré une trentaine d’années. Au total, sa vie publique représente donc moins de 10% de sa vie totale.
    Et pourtant, il lui est arrivé quelque chose d’inouï à ce Jésus. Quelque chose, qui pour moi, est le détail le plus troublant de tous. Ce rabbin, dont on ne sert presque rien de son enseignement, qui n’en a laissé aucune trace directe dans l’histoire (comme des milliers d’autres d’ailleurs) a été victime d’un complot mené par les plus grands hommes d’Etat de la Palestine occupée. Comment est-ce possible ? C’est un peu comme si Pétain avait personnellement diligenté une affaire pour livrer à Klaus Barbie un pacifiste dont la seule chose répréhensible était de dire aux collabos d’aimer les résistants et aux résistants d’aimer les collabos. C’est très questionnant. Car Jésus n’a pas été victime d’une erreur judiciaire de la justice expéditive de l’époque. Il n’a pas non plus été victime d’une répression punitive suite à une action terroriste des zélotes. Non, il a vraiment été victime d’un complot dirigé contre lui et mené directement depuis le sommet de l’Etat.
    Le temps me presse. Je vais vous quitter. La prochaine fois, je vais vous livrer la teneur du complot.

    Cordialement,

    Ludovic

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  20. Cher Antoine,
    Voici quel est le complot dont Jésus a été victime. La première chose qu’on peut dire sur ce complot c’est que tout le monde ou presque était d’accord pour tuer ce Jésus. Ceci est assez remarquable. D’habitude quand quelqu’un est victime d’un complot, un camp subit une défaite et un autre une victoire. Mais pour l’affaire Jésus, des gens d’intérêts divergents ont agit de concert pour l’éliminer. C’est incroyable de voir à quel point quelqu’un a pu se mettre tout le monde à dos. L’action de Jésus qui ne laisse pratiquement aucune trace dans l’histoire avant ce complot était pourtant suffisante pour que la classe sacerdotale se sente menacée. Les pharisiens pensaient qu’il était de leur devoir de supprimer ce Jésus. En effet, pour eux, pas de doute, Jésus se comportait d’une façon telle qu’il se prenait pour Dieu. Ainsi, pour espérer une action de Dieu en leur faveur, il est nécessaire qu’ils montrent à Dieu leur volonté de marcher sans ses pas en supprimant ce blasphémateur. Quant aux zélotes, il ne pouvait pas supporter de voir une foule de plus en plus nombreuse penser que Jésus puisse être le Messie alors qu’il était tout sauf un résistant engagé dans des actions violentes. Pour ce qui est des Romains, il était de leur devoir de maintenir l’ordre dans les provinces occupées. Tous ces courants vont agir contre Jésus.
    Nous sommes la veille de la fête de la Pâque. Jésus vient de partager le repas avec ses disciples. Sachant que toutes les conditions sont réunis pour que le complot dirigé contre lui s’exécute, Jésus annonce à ses disciples qu’il s’agit de son dernier repas car on va venir l’arrêter et le tuer. Il annonce d’ailleurs que c’est Judas (courant zélote) qui le trahira et que ses disciples l’abandonneront. Judas part de son côté et Jésus se rend avec ses autres disciples au Jardin du Mont des Olivier à l’est de Jérusalem. Ce lieu est un lieu dans lequel Jésus et ses disciples se retirait souvent pour prier.
    Là, Jésus sait que son arrestation est imminente. Cet instant doit être plus lui une longue attente angoissante. Les minutes semblent interminables. Les dés sont jetés.

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  21. Puis arrivent des hommes armés au service du Grand Prêtre ou des pharisiens avec Judas à la tête de cette escorte pour leur indiquer qui est ce Jésus. En effet, à cette époque où il n’y avait pas d’imprimerie et encore moins de media audio-visuels, si on sait qu’on doit arrêter un certain Jésus, on ne sait pas qui il est physiquement. Il est intéressant de voir comment se sont ralliés le courant saducéen et le courant zélote, les deux courants les plus extrêmes et les plus opposés l’un à l’autre avec au milieu le courant des pharisiens. Ils viennent l’arrêter avec des épées et des bâtons comme s’il s’agissait d’un homme dangereux et l’arrêtent. Les disciples de Jésus s’enfuient.
    On emmène Jésus devant le Grand Prêtre Caïphe qui est le Grand Prêtre en exercice à cette époque. Le but est d’essayer de faire un procès légal à Jésus afin que ce procès soit reconnu par les Romains. En effet, si les Juifs ont droit de conserver leurs lois et de juger selon ces dernières, ils ne peuvent exécuter eux-mêmes une condamnation à mort mais doivent la faire entériner et exécuter par les Romains.
    Le procès débute, comme dans tout procès plusieurs témoins sont audités, mais cela a-t-il de l’importance. En effet, le verdict colle trop bien à l’intérêt du plan. Au final, voilà ce qui sera retenu contre Jésus : Jésus est un blasphémateur ce qui est puni de mort selon la loi juive et c’est d’ailleurs bien comme cela qu’il est considéré et qui est la cause de tout ceci. Quel est le blasphème qu’on retiendra contre lui pour que les Romains soit suffisamment enclin à faire appliquer la sentence? On dit que Jésus c’est fait «Messie, Fils de Dieu ». Ainsi, pour les Romains, pour qui l’empereur est un dieu vivant, il est impossible de laisser passer une telle accusation. De plus, dans le contexte d’attente messianique de l’époque, le préfet romain ne peut pas laisser un messie potentiel en liberté. Le procès a du commencer vers minuit, une heure du matin et se terminer vers trois heures.

    En attendant que Ponce Pilate, le préfet Romain, accorde son audience Jésus est laissé aux mains des hommes du Grand Prêtre. Qui veut le tabasser le peux. Il est facile d’imaginer ce qui a pu se passer avec toutes les images de violence que nous montre la télévision. Plusieurs hommes se jette sur Jésus, lui donne des coups de poings, des coups de pieds, des coups de bâtons. Cela dure une heure ou deux. Jésus en ressort la pommette droite tuméfiée et excoriée, le cartilage nasal cassé, les deux arcades sourcilières enflées, surtout la droite, le menton et la lèvre inférieure oedématiés la partie droite de la moustache et de la barbe arrachées.

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  22. Puis Jésus est envoyé chez Pilate. Pilate reçoit la demande des autorités juives et entend lui-même l’accusé. Il doit être six heures du matin. Pilate est très ennuyé car ce Jésus lui semble être un pacifiste inoffensif. Pourtant, afin de maintenir l’ordre public et devant la gravité de l’accusation, il ne peut refuser la demande des juifs à la légère. Alors, Pilate a une idée. Chaque année, pour la fête de la Pâque, il amnistie un prisonnier. Pilate demande aux Juifs s’ils ne veulent pas que Jésus soit le bénéficiaire de cette amnistie. Or cela est impossible pour ces derniers, tout le plan tomberait à l’eau. Alors les chefs de prêtres excitent la foule, pour qu’on ne relâche pas Jésus, mais qu’on relâche à la place un certain Bar Abbas (Fils du Père) au nom typiquement zélote. Craignant un débordement de foule dont il serait tenu pour responsable, Pilate décide de condamner Jésus à être flageller en espérant que cela calmera la foule.
    En effet, la flagellation était déjà une condamnation très dure. Le fouet utilisé était composé de deux lanières munies de billes de plomb ou de petits os. Les blessures pouvaient occasionnées la mort. La loi juive avait limité le nombre de coup à 40 estimant qu’au-delà le pronostic vital était en jeu. Mais rien n’obligeait les Romains à suivre la loi juive. Mais même avec quarante coups cela représente plus de cent blessures sur le corps. En général, la flagellation se pratiquait avec deux bourreaux : un à droite et un à gauche. Tout le corps était touché, le devant et les dos ainsi que le haut des jambes. Et Chez un homme qui a été tabassé durant la nuit, qui n’a pas dormi, et qui a été trimballé toute la nuit et la matinée d’un lieu à un autre, ligoté ; il devait être dans un état horrible après la flagellation. Et pourtant, comme si cela ne se suffisait pas, Jésus fut livré à la cohorte romaine comme il avait été laissé entre les hommes du Grand Prêtre. Pour se moquer de lui, les soldats lui mettent un manteau pourpre – insigne royal – lui mette un roseau dans la main pour simuler un sceptre et lui mette une couronne faites de branches épineuses sur la tête. Puis les soldats le frappe avec le roseau.
    Après cela, Pilate montre de nouveau Jésus à la foule avec la célèbre formule (qui fait partie de ces formules historiques du style « veni, vedi, vecci ») « Ecce homo » - « Voici l’homme. » en espérant que cela va en rester là. Or la foule, complètement excité réclame la mort de Jésus. Pour éviter toutes émeutes, Pilate signe la condamnation de Jésus à la crucifixion.
    On remet à Jésus ses vêtements. On lui demande de porter lui-même sa croix jusqu’au lieu où les crucifixions se réalisent. En fait, c’est probablement seulement le patibulum qu’il doit porter c-a-d la partie horizontale de la croix. Il s’agit d’une poutre d’environ 2 mètres de long pas très épaisse et qui pèse dans les 20 kgs. Pour un homme épuisé par tous les mauvais traitements subis, c’en est trop. Un passant est réquisitionné pour l’aider à porter cette poutre. Le trajet est de l’ordre de la demi-heure, temps nécessaire à Jésus pour tomber et pour que le frottement du bois occasionne des blessures à ses omoplates. Une fois arrivé sur le lieu de l’exécution, on déshabille Jésus. On ne prends pas de gants, on doit quasi lui arracher ses vêtements tant ils doivent coller aux différents plaies et de ce fait on doit les rouvrir.

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  23. Ensuite, comme pour toute crucifixion classique, on cloue Jésus à la croix. L’opération nécessite trois bourreaux. On fait couche le condamné sur le dos en travers du patibulum. Le premier bourreau immobilise le corps, le second maintient le bras allongé en posant une main sur la paume ouverte, l’autre main empêche l’avant-bras de se déplacer et le dernier bourreau applique le clou dans le pli du poignet, entre les deux tendons des fléchisseurs. Deux coups de marteau et hop le clou a traversé le poignet en lésant le nerf médian provoquant une douleur immense. Encore quelques coups de marteau et le clou est solidement fixé au bois. Même manœuvre pour l’autre bras. Ensuite, on relève le condamné, on le fait monter à reculons sur un objet d’une cinquante de centimètres de haut, on bloque le patibulum dans la partie verticale de la croix. Puis, on plie un peu les genoux du condamné en maintenant les pieds à plat, quelques coups de marteaux et un nouveau clou qui traverse les deux pieds, le tout tient solidement.
    Une pancarte indiquant le motif de la condamnation - pour les Romains - est fixée en haut de la croix : « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs ». Jésus est crucifié avec deux autres bandits.
    Il est environ midi. Il n’y a plus qu’à attendre et à beaucoup souffrir pour les crucifiés. Les clous ne sont pas sur les trajets des gros vaisseaux, il y a hémorragie, mais très faible, la mort est prévue pour être lente. Le corps tire de tout son poids sur les clous des poignets, la douleur est épouvantable. La seule façon de soulager est de prendre appui sur les pieds, mais aussi sont maintenus par un clou. Rapidement le condamné ressent une difficulté respiratoire à cause des bras maintenus en l’air, thorax bloqué en inspiration ne pouvant se vider. Il faut pousser sur les clous des pieds et tirer sur ceux des poignets pour pouvoir expirer, mais au prix de quelle douleur ! Puis un nouveau cycle recommence, on se laisse pendre, asphyxie et expiration dans la douleur. Pendant ce temps, l’acidité sanguine due à l’asphyxie et les mauvaises positions entraînent des crampes de tout le corps. La transpiration est abondante, facteur de déshydratation.

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  24. Or, nous sommes vendredi soir, veille de sabbat et plus du sabbat de la Pâque. Pour ne pas être impur durant le sabbat les condamnés doivent être morts et enterrés. Or la mort en croix pouvait durer des heures. Pour accélérer la venue de la mort, il existe une procédure – aussi horrible que le reste - : à coups de barre de fer, on brise les tibias et péronés des condamnés : ne pouvant plus prendre appui sur leurs jambes brisées ils étouffaient très vite. Les soldats reçurent donc l’ordre de briser les jambes des condamnés. Ils le firent pour les deux autres crucifiés, mais en arrivant à Jésus, ils constatèrent qu’il était déjà mort (enfin a-t-on envie de dire). Par acquit de conscience, l’un des soldats donne un coup de lance dans le côté droit du thorax. Il est quinze heures, ouf le sabbat va pouvoir commencer sans souillure et sans tâche pour honorer Dieu à qui on vient d’offrir un sacrifice de pureté exemplaire…
    Pour que tout soit pur, il faut enterrer les morts. Pilate autorise la remise du corps de Jésus à ceux qui lui réclame. On le descend de la croix et on l’enterre dans un tombeau tout proche, sans prendre le temps de l’embaumer à cause du sabbat qui commence.
    Voilà cher Antoine, tout ce qu’on sait d’un point de vue historique sur la vie de ce Jésus. C’est-à-dire rien à part comment il est mort. Or cette mort a changé la face du monde, cette condamnation est peut-être ce qui a le plus d’influence sur la vie socio-politique du monde.
    Voilà quelles sont les énigmes laissés par ce détail de l’histoire :
    1) Comment un homme dont la vie n’a pas laissé de traces historiques a pu être la cible d’un complot mené depuis le sommet de l’Etat ?
    2) Comment des hommes, sensés pour la plupart –j’espère que vous me compter parmi les sensés – peuvent dire que cet homme est bel et bien le Messie promis alors que tout ce qu’on sait de lui d’un point de vue historique, c’est un échec cuisant qui en font plutôt un anti-messie. On peut discuter sur considérer Moïse comme oui ou non le prophète de référence, ou Mahomet, ou même Bouddha. Mais là, c’est un peu comme considérer comme le réalisateur de référence dans le monde du cinéma, un réalisateur de pornos. Pourtant, beaucoup le croient, ce Jésus est bel et bien le Messie promis par Dieu pour sauver son peuple. Comment est-ce possible ?
    3) Enfin, comment cet évènement, insignifiant par rapport aux grands mouvements de l’histoire, a donné sa face au monde actuel ?
    La prochaine fois, je reprendrais toutes les énigmes en vous donnant une hypothèse qui permettra de répondre à toutes ces questions. Ce ne sera qu’une hypothèse, nous serons je pense d’accord, mais au moins elle aura le mérite de répondre à ces questions.
    Cordialement,
    Ludovic

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  25. Cher Antoine,
    Voici une hypothèse qui permet de rendre compte de toutes ces petites énigmes de l’histoire.
    D’abord, nous allons nous intéresser à un phénomène étrange de l’histoire de l’humanité : celui de la naissance de la foi. Je vais expliquer ce que j’entends par foi. La foi n’est pas la croyance en des forces supérieures ou surnaturelles qui sont personnalisés, vues comme des esprits humains, et dont il faudrait s’attirer les bonnes grâces en leur offrant des cadeaux (cadeaux plus ou moins sanglants d’ailleurs). Cette assimilation des causes inexpliquées à des esprits surnaturels est apparue partout sur la terre. Alors que la foi n’est apparue que dans un seul peuple, quelque part entre les actuels Irak, Syrie et état d’Israël. La foi c’est la confiance accordé à un Dieu personnellement rencontré. Le mouvement de la foi est différent du premier mouvement. Le premier mouvement est de l’ordre de la superstition. Il y a des choses à faire pour éviter qu’une catastrophe ne nous tombe sur la tête. Les dieux mènent leurs affaires, des fois ils partent en guerre les uns contre les autres et nous pauvres humains, sans faire exprès, il risque de nous écraser pendant leur bataille. Alors, on leur offre des cadeaux, qui sait, peut-être qu’ils nous verront et feront attention de ne pas nous écraser. Ou même pire, devant la souffrance expérimentée par tout un chacun, on s’imagine qu’un être surnaturel réclame un cadeau pour nous laisser tranquille, au moins un certain temps. Dans le meilleur des cas, on offre de la nourriture, si la menace est grande, on offre des femmes et des enfants.
    Alors que le mouvement de la foi se fait dans l’autre sens : on pense que c’est un être surnaturel qui souffre que nous ne faisons pas attention à lui et qui veut absolument que nous fassions attention à lui. Pour cela, on croit qu’il pense son temps à nous tendre des perches. Celui qui croit recevoir une de ces perches et y répond entre dans la foi. C’est cela la foi. Pourquoi ce préambule ? Car l’hypothèse que je vais vous exposer s’appuie sur ce concept de foi.

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  26. D’abord quand on voit le monde avec les yeux de la foi telle qu’elle vient d’être décrite, la première conséquence est que nous n’avons pas besoin d’offrir des cadeaux : si nous souffrons, ce n’est pas par volonté de cet être surnaturel qui ne désire qu’une chose dès que nous venons au monde : que nous l’aimions. D’ailleurs, le peuple dans lequel la foi est apparue n’a plus offert de sacrifice humain. Toutefois, rien n’interdit les cadeaux, mais avec les yeux de la foi, on les fait parce qu’on sait que cela fait plaisir à l’être surnaturel et sans autre raison, comme des cadeaux entre époux et non pas pour qu’il nous fiche la paix ou nous accorde une faveur. Donc, la notion de sacrifice (=un cadeau pour l’être surnaturel) est importante- car comment une relation d’amour peut-elle tenir si on ne se fait jamais de cadeaux - mais est complètement différente du sacrifice superstitieux.
    La deuxième conséquence qui vient tout naturellement est que la relation qu’il y a entre cet être surnaturel et l’homme ou femme qui vit dans la foi est comparable à une relation qu’il y a entre un époux et son épouse. La spécificité de la foi est d’arriver à la notion d’alliance. Celui qui vit dans la foi, vit dans l’alliance avec cet être surnaturel. Le concept découlant de celui d’alliance est celui de fidélité. Il ne faut pas rompre l’alliance conclue. Il y a une notion pour désigner une rupture de cette alliance, c’est la notion de péché.
    Une troisième conséquence vient également si nous regardons la façon dont cette alliance est établie. D’un certain point de vue, elle est comparable à une relation entre mari et femme. Nous venons de le voir. Mais il y a un autre aspect en prendre en considération et qui donne un autre point de vue. Cette relation est établit entre de l’humain et un être surnaturel. Les deux partenaires de la relation ne sont pas sur le même plan. L’être surnaturel, de part sa définition, a une capacité d’action sur la nature. Il la domine. Celui qui est dans l’alliance avec cet être sait qu’il bénéficie de cette capacité. Dans ce cadre, cet être est alors un partenaire qui a un pouvoir plus grand, une capacité d’action plus grande que l’humain et qui veille sur ce dernier. De ce point de vue, la relation est comparable à une relation parents – enfants. Avec ce regard, l’être supérieur devient un père pour l’homme qui a la foi. Or le lien de parenté a cette spécificité qu’il est éternel, indélébile. Rien ne peut l’annuler. Des époux peuvent divorcer. Par contre, on a le père et la mère que l’on a – les deux seuls choses que tous hommes sans exception possèdent – et on ne peut pas changer et on ne pourra jamais changer de père ou de mère. Cette indélébilité de la relation parents – enfants est à rapprocher du premier point de vue qui avait fait émerger la notion de péché : même si la relation est rompue, avec le second point de vue, elle n’est pas totalement rompue et là s’introduit une autre notion : la notion de pardon.

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  27. Découlant de ce qui a été vu pour la troisième conséquence en vient une quatrième. Nous venons de voir deux choses : d’une part l’être surnaturel est un père pour l’homme et d’autre part il est impossible de changer de père. La conclusion tombe d’elle-même : cet être surnaturel est un père pour l’homme dès son commencement. Ainsi, c’est lui le concepteur premier de l’homme, c’est lui son créateur. Il n’y en a pas d’autres. La multitude des êtres surnaturels qui existe avec la superstition, disparaît pour ne laisser place qu’à un seul être surnaturel : le créateur de l’homme. Celui qui a les yeux de la foi est forcément monothéiste. Or s’il n’y a qu’un seul créateur, c’est le même qui a créé les animaux, les plantes, la terre et tout les astres, bref l’univers – autrement dit – tout. Ce créateur est donc la seule entité incréée, que l’on appelle Dieu en français. Avec cette conséquence vient un autre point de vue concernant la relation Dieu – homme, il s’agit d’une relation créateur – créature, auteur – œuvre. Avec la notion de péché introduit par le premier point de vue, puis celui de pardon introduit par le second, vient la notion de miséricorde. La miséricorde n’est pas un synonyme de pardon comme beaucoup le pensent. Le mot hébreu pour miséricorde est formé sur la racine du mot utérus. La notion de miséricorde regroupe à la fois les notions de re-génération, re-création et re-naissance.
    De là vient une cinquième conséquence : ce Dieu ne veut absolument pas le mal, pour personne. Ce qu’il veut pour tout un chacun, c’est qu’il entre dans son alliance. Le mal ne fait pas partie du plan de Dieu. Donc, pour celui qui a les yeux de la foi, il n’y a pas de cause nécessaire qui justifie le mal. Ainsi, on peut se poser la question de pourquoi pour beaucoup de chose - pour tout même - sauf pour le mal. Non pas que ce soit interdit ou même idiot, mais parce que la question pourquoi le mal est un non-sens de part la nature du mal. Attention, il faut bien faire la nuance avec celui qui dit : à la question pourquoi le mal, je n’ai pas de réponse. Dans la position que je tente d’expliquer, à la question pourquoi le mal, on sait qu’il n’y a pas de réponse, on sait qu’il n’y a aucune justification et donc que cette question relève de l’absurde. Et pourtant, souffrir n’a rien d’absurde. Je n’en dirais pas plus par respect pour ceux qui souffrent beaucoup. Ce mal vient à l’encontre de tout ce que j’ai dit sur ce Dieu, créateur, père et époux. Pourquoi vivons-nous alors dans un monde plongé dans le mal ? Question qui n’est pas absurde car différente de pourquoi le mal. Comprendre : pourquoi vivons-nous dans un monde plongé dans l’ « absurde », dans « ce qui n’a pas de justification ? Mais absurde n’est pas un bon synonyme pour mal, car il ne rend pas compte de la souffrance réel qui est indescriptible tant qu’on ne l’a pas vécu. La question serait en quelque sorte : pourquoi vivons-nous dans un monde plongé « dans ce qui n’a aucune justification, ne fait partie d’aucun plan, et qui a pourtant une influence tellement grande sur nous qu’il nous empêche d’exister en être humain digne » ? C’est cet état de fait que les musulmans expliquent par la « chute » et les chrétiens par le « péché originel. » Mais derrière ces mots se cache plus une interrogation qu’une réponse. Je trouve que l’expression « péché originel » exprime bien cet état : à cause du mal, nous ne sommes pas pleinement nous, donc nous ne sommes pas dans l’alliance parfaite voulue par Dieu. Cette alliance n’est pas réalisée, d’où le mot péché et originel car dès l’instant où nous sommes conçu, nous sommes en exil dans « cette vallée de larmes » qu’est notre monde.

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  28. Ce petit détour était nécessaire, car ce Jésus qui pose tant d’énigmes vivait dans le peuples hébreux, le peuple qui le premier a expérimenté la foi telle qu’elle a été décrite ici, et que cette foi a été la source de sa vie comme elle l’est pour tous les humanistes. Nous allons avoir besoin de cette définition de la foi et de ses conséquences dans l’hypothèse que je vais vous exposer. Mais pour revenir sur l’affirmation la foi source de la vie de tous les humanistes, je vous invite à réfléchir sur les thèmes suivant : la foi, parce qu’elle a chassé les esprits, les gris-gris, la superstition et la magie a permis à la science moderne de prendre son essor, la foi, parce qu’elle a établit l’égal dignité de tout homme, a permis la déclaration des droits de l’homme et la foi, parce qu’elle considère que rien ne justifie le mal, permets à l’humanité d’espérer en un monde meilleur et de toujours relever la tête et avancer même si les évènements semblent dire le contraire.
    Cordialement,
    Ludovic

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  29. Cher Antoine,
    Maintenant que nous avons introduit le concept de foi, je vais vous exposer l’hypothèse qui permet d’expliquer ces énigmes.
    La foi est donc entrée dans un peuple du Moyen-Orient, il y a plus de cinq millénaires. Ce peuple est devenu le peuple de l’alliance puisque nous avons vu que la foi amenait au concept d’alliance. Ce peuple s’est vite rendu-compte qu’il était à part : il était le seul à avoir une relation si intime avec son Dieu, il était le seul à parler de relation amoureuse avec son Dieu, son unique Dieu. Tous les peuples alentours avaient plusieurs dieux utilitaires : ils en étaient encore au stade de la superstition, de la magie. Ce peuple à part s’est dit : « Nous sommes les seuls à avoir rencontré Dieu, nous sommes sa nation choisie, son peuple élu. » Ce peuple est le peuple d’Israël.
    Effectivement, ce peuple est un peuple à part, un peuple digne de la plus haute considération, pour sa découverte fondamentale pour l’évolution de l’humanité : sa découverte de la foi. Cette découverte, comme toute les découvertes fondamentales au bien-être commun sont appelé à être transmise à toute homme. Or si cela est évident et facile pour une découverte matérielle (la pénicilline par exemple), cela est différent pour la foi. En effet, avec la foi, je ne crains plus rien, sinon Dieu. Je sais que ce Dieu qui m’aime fait tout pour mon bonheur. Je n’obtiens plus ce que je veux en respectant un rituel précis, j’obtiens ce que je veux en le demandant à Dieu et en lui faisant confiance au seul motif qu’il m’aime et qu’il veut mon bonheur. Et il m’est fait selon ma foi. Comme on dit, la foi rend juste. Abraham – figure symbolique incarnant le découvreur de la foi – fut considéré juste parce qu’il avait la foi. Dans ce contexte, être juste signifie celui qui est accordé à la volonté de Dieu et qui reçoit les faveurs de celui-ci. Or, Abraham reçoit les faveurs de son Dieu au seul motif qu’il croit en Lui quand il lui demande quelque chose, au seul motif qu’il croit que ce Dieu ne veut pas le décevoir.
    Or, parmi les dangers de la vie d’un peuple, il y a le danger des peuples voisins qui convoitent ses terres fertiles. Et devant ce danger, par manque de foi et d’amour, on demande à son Dieu : « Mon Dieu rend moi victorieux de mes ennemis, moi je suis ton peuple choisi, je suis le peuple avec qui tu as fait alliance, mes voisins ne croient pas même pas en Toi, alors extermine-les. » Et voilà comment de la foi, on sombre dans l’obscurantisme et le fanatisme. De porteur de foi à l’humanité, on devient gardien jaloux de son privilège. Si les gens qui font cette prière avaient eu un peu plus de foi et d’amour, ils auraient dit : « Mon Dieu, le peuple voisin veut nos terres fertiles, alors accordes-nous d’avoir les mots qu’il faut pour qu’ils te connaissent, pour qu’ils se convertissent et entrent dans ton alliance que tu proposes à tous les hommes et qu’ainsi ils obtiennent de toi des terres fertiles dans leur propre pays. » Prier pour ses ennemis : voilà le secret de la transmission de la foi ! Or ce n’est pas parce qu’Israël est la patrie de la foi qu’elle est exemplaire en matière de foi, tout comme la France n’est pas forcément exemplaire en terme de droits de l’Homme. Ainsi, ce fut plus souvent la première prière qui fut employée que la seconde, et comme l’homme pense librement et qu’il lui est fait selon sa foi…
    Il y a eu dans l’histoire d’Israël des prophètes, des hommes rappelant qu’on peut faire – et même qu’il faut faire – la seconde prière : la prière pour les ennemis. Et cela comporte des conséquences : l’autre est aussi digne que moi, même mon ennemi, lui aussi a droit à s’épanouir. En priant pour tout homme, même pour mon ennemi, je reconnais le droit à la vie épanouie et pleine pour tout homme sans exception car je reconnais que Dieu veut faire alliance avec chacune de ses créatures. Or de part leurs paroles, les prophètes ont souvent été considérés comme des saboteurs de moral, voire même des collaborateurs au service de l’ennemi – et souvent ils ont été persécutés.

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  30. Dans l’hypothèse que je vous expose, Jésus fut l’un de ses prophètes. D’un point de vue historique, nous ne savons pas grand-chose, nous l’avons déjà vu. Toutefois, toujours d’un point de vue historique, nous savons que des personnes ont dit avoir rencontré ce Jésus après sa mort et que cela leur a semblé suffisamment vrai et important pour qu’il donne leur vie pour ce témoignage. Donc dans le cadre d’une hypothèse, j’explique ce comportement en disant que ce Jésus est toujours vivant bien qu’il soit passé par la mort.
    Ces personnes, qui ont témoigné au prix de la vie du fait que Jésus était ressorti vainqueur de la mort, ont aussi porté témoignage sur l’action que Jésus a fait avant d’être arrêté et tué. De ces témoignages des écrits ont été réalisés. Parmi ces écrits, l’Eglise en retient quatre en particuliers pour leur cohérence, leur profondeur et leur unité. Ces quatre récits forment les quatre Evangiles. Je vous en parle maintenant dans le cadre de l’hypothèse car le témoignage que ces récits adhèrent à la première partie de l’hypothèse à savoir que Jésus est toujours vivant.
    Je vous est dit tantôt que les gens qui trouvaient que Jésus était un grand philosophe ou un grand penseur me faisait rire car la portée du discours philosophique mis dans la bouche de Jésus dans ces Evangiles est en réalité bien pauvre. Je tiens à nuancer mon propos. La vérité est que les Evangiles ne sont pas une œuvre philosophique, ils sont mieux que ça à mes yeux : ils sont un trésor pour l’humanité. Ainsi les gens comparant Jésus à un grand philosophe me font rire car ils n’ont vraiment pas lus les Evangiles. En effet, si on prend la peine de les analyser réellement il n’y a que deux attitudes possibles : soit le rejet, soit la reconnaissance de ce qui donne la valeur à la vie.

    Pourquoi je dis cela ? Car les rédacteurs des Evangiles ont voulu retranscrire ce qui a marqué la personnalité de Jésus et ce qui a fait qu’un simple rabbin itinérant parmi bien d’autre a inquiété le sommet de l’Etat. Les Evangiles contiennent certes l’enseignement de Jésus : mais cette enseignement est très succinct dans le fond et redis beaucoup ce que je vous ai déjà dit car il est finalement très simple : Dieu offre son alliance a tout homme, c’est cela qui le rend heureux. Ainsi Israël est à part en tant que c’est le premier à être entré dans l’Alliance de Dieu mais il n’est pas à part en tant qu’unique destinataire de cette Alliance. Dieu ne veut pas punir les pécheurs (c-a-d ce qui ne sont pas d’Alliance rappelez-vous soit ceux qui ont sortis de l’Alliance suite à une infidélité à Dieu mais aussi ce qui ne font pas parti de l’Alliance donc les non-Juifs) mais qu’ils se convertissent et (r)entrent dans cette Alliance. Ainsi l’enseignement de Jésus pose l’amour de tout ton homme sans exception (ma famille, mes ami mais aussi mes ennemis et moi-même à travers mon amour propre) et la confiance en Dieu pour permettre les conditions de l’épanouissement de chacun (moi, vous, ceux qui nous causent du tort, ceux qui nous aident, ceux qui nous aiment). En effet, dans cette perspective, faire du tort à quelqu’un ne revient-il pas à manquer de confiance en Dieu ?

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  31. Les Evangiles contiennent non seulement cet enseignement sur la dignité de tout homme (et déjà cela est digne d’un grand homme), mais surtout il cherche à répondre à la question « Qui est donc ce Jésus qui a tant inquiété avec un discours aussi pacifiste? ». Les Evangiles ne donnent pas de réponse directement. Toutefois, l’enseignement donné dont je vous ai livré un résumé (le fond) est mis sous une certaine forme. C’est dans la forme employée par Jésus pour faire son enseignement que se trouve la réponse. Cette forme reprise dans les quatre Evangiles, est bien l’acte volontaire des rédacteurs et retranscrit la façon dont l’attitude de Jésus était perçue.
    Je vais vous le livrer trois éléments relevant de la forme et vous laisser répondre par vous-même à la question « Qui est donc ce Jésus ? »
    Première élément : Lorsqu’un prophète commence un enseignement, il utilise parfois comme formule préliminaire : « Parole de Seigneur. » Lorsque Jésus commence un enseignement, il utilise parfois comme formule préliminaire : « En vérité, je vous le dis. »
    Second élément : Pour (r)entrer dans l’Alliance avec Dieu, il faut demander le pardon pour ses péchés. Pardon que seul Dieu peut accorder et donc un suivant un rituel précis. Pour faire (r)entrer un pécheur dans l’Alliance avec Dieu, Jésus dit : « Je te pardonne tes péchés. »
    Troisième élément : Dieu a donné sa loi à Moïse. Tous les règlements, toutes les règles sont une adaptation faite par ceux qui connaissent bien les textes fondateurs à la situation particulière vécue par le peuple au moment où il la vit. Jésus interprète les textes fondateurs en disant : « Vous avez appris qu’il a été dit XXXX, moi je vous dis YYYYY. »
    Voilà Antoine, désormais je reprendrais contact avec vous lorsque vous aurez répondu à la question, « Qui est Jésus ? » pas selon vous mais selon la forme utilisée par les rédacteurs des Evangiles.
    Cordialement,
    Ludovic

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